À l’occasion de la Journée de la diplomatie russe 2025, S.E.M. Igor EVDOKIMOV, Ambassadeur de Russie au Bénin et au Togo, dresse le bilan de l’action diplomatique russe en 2024. Face aux tensions géopolitiques, la Russie a renforcé son engagement en faveur du multilatéralisme et de la souveraineté des États. « En 2024, notre diplomatie a œuvré pour un monde plus équilibré, fondé sur le respect des principes de la Charte des Nations unies et l’égalité entre les nations », affirme l’Ambassadeur. La coopération russo-africaine a connu un essor avec la première conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique. « Nous avons également intensifié nos efforts contre le néocolonialisme, une démarche qui a abouti à l’adoption d’une résolution clé à l’ONU », ajoute-t-il. Le sommet des BRICS à Kazan a confirmé l’influence croissante du bloc et son rôle dans la refonte du système financier mondial. Malgré les tensions avec l’Occident, la Russie a poursuivi un dialogue stratégique avec plusieurs États membres de l’OTAN et de l’UE. Lire l’entretien.
Votre Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la Fédération de Russie près le Bénin, dites-nous quel est le bilan d’activité de la diplomatie russe en 2024
Au cours de l’année écoulée, la diplomatie russe a déployé des efforts soutenus et résolus pour mettre en œuvre les lignes directrices du Concept de politique étrangère, tel qu’approuvé par le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, en mars 2023.
Alors que l’ »Occident collectif » cherche à préserver les vestiges de sa domination mondiale et à imposer un « ordre international fondé sur des règles », la Russie présente une alternative constructive. Elle défend l’adhésion sans faille aux principes fondamentaux de la Charte des Nations unies, en insistant sur leur application globale et leur interconnexion.
Cette approche est également au cœur de la gestion de la crise ukrainienne et d’autres conflits internationaux, où il est impératif de garantir l’égalité souveraine des États, le droit des peuples à l’autodétermination, le respect des droits humains, ainsi que l’indivisibilité de la sécurité, un principe étroitement lié aux précédents, et devant être protégé de manière absolue.
Pourriez-vous parler de la coopération entre la Russie et l’Afrique au cours de l’année 2024?
Conformément à la décision prise lors du sommet Russie-Afrique de 2023 à Saint-Pétersbourg, la première conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique a eu lieu en novembre. Au cours de cet événement, des stratégies ont été élaborées pour mettre en œuvre les accords visant à développer l’ensemble des relations avec les pays africains. L’accent a été mis sur la coopération dans des domaines tels que la sécurité alimentaire, la formation du personnel, l’exploration géologique, la numérisation, la santé, l’éducation et les politiques de la jeunesse. Le Bénin a été représenté à cette conférence par son Ministre des Affaires étrangères, Olushegun ADJADI BAKARI.
Une initiative diplomatique visant à renforcer la coopération internationale dans la lutte contre le néocolonialisme a également été lancée. Le parti politique panrusse Russie Unie a organisé un forum international interpartis des partisans de la lutte contre les pratiques néocoloniales contemporaines, au cours duquel l’idée de créer un mouvement mondial intitulé « Pour la liberté des nations ! » a été soutenue (en février). Plus de 50 pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine, du Moyen-Orient, d’Europe et de la CEI ont adhéré à cette initiative.
La Russie a joué un rôle de leader en inscrivant la question de l’anti-néocolonialisme à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies, et en obtenant, avec l’aide des membres du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations unies partageant les mêmes convictions, l’adoption, en décembre, de la résolution intitulée « Élimination du colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations ». Cette résolution a conduit à la désignation du 14 décembre comme Journée internationale de la lutte contre le colonialisme sous toutes ses formes.
Excellence Monsieur l’Ambassadeur, quel a été l’événement international majeur pour la Russie sur la scène mondiale pendant l’année écoulée?
Le sommet international majeur en 2024 a été celui des BRICS à Kazan, où, sous la présidence de la Russie, les pays du groupe se sont réunis pour la première fois dans un format élargi, dissipant ainsi une fois pour toutes le mythe de l’isolement international de la Russie. Ce sommet a rassemblé les dirigeants de 36 États et les représentants de six organisations multilatérales.
Des décisions importantes ont été prises pour réformer l’architecture monétaire et financière mondiale, ainsi que pour établir des mécanismes de règlement capables de résister aux risques extérieurs. Des initiatives ont également été lancées, telles qu’un groupe de contact sur le climat et le développement durable, un groupe de travail sur la médecine nucléaire, ainsi qu’un dialogue sur les transports. Des efforts ont été engagés pour promouvoir des solutions telles que le système de paiement transfrontalier, l’infrastructure BRICS Clear pour les règlements et dépôts, ainsi qu’une société de réassurance commune, une bourse des céréales, et des plateformes dédiées aux investissements, à la géologie et aux technologies.
Enfin, une nouvelle catégorie de pays partenaires des BRICS a été introduite, avec une liste de candidats potentiels à rejoindre cette association.
Parlez-nous de l’évolution des relations entre la Russie et les pays occidentaux en 2024.
À l’ouest, face à l’escalade des agressions économiques, informationnelles et idéologiques de la part d’États hostiles, la diplomatie russe a su contrer les tentatives d’ultimatum politique et a réussi à convaincre une grande majorité des nations qu’il n’y avait d’autre option que de résoudre la crise ukrainienne en s’attaquant à ses causes profondes : les menaces pesant sur la sécurité de la Russie dues à l’élargissement de l’Otan et les violations des droits des Russes et des citoyens russophones. Cette position a été portée auprès des dirigeants de plusieurs pays membres de l’Otan et de l’UE, tels que l’Autriche, les États-Unis, la Hongrie, Malte, la République fédérale d’Allemagne, la Slovaquie, la Turquie, ainsi qu’auprès de la Suisse et du Vatican, dans le cadre de contacts directs au plus haut niveau et à travers des échanges de haut niveau.
(Réalisé par la rédaction du Grand Quotidien)