Face à l’ampleur des Violences Basées sur le Genre (VBG) au Bénin, avec 94 001 cas recensés entre 2020 et 2023, l’État s’est doté d’un arsenal juridique pour lutter contre ce fléau. La loi de 2021 sur la répression des violences faites aux femmes en est un exemple. Toutefois, des défis persistent, notamment dans l’application effective des lois et la sensibilisation des populations rurales.
La loi n°2021-11 criminalise les violences conjugales, le viol, les mutilations génitales féminines et le harcèlement sexuel. Elle prévoit :
Des sanctions sévères contre les auteurs,
Une prise en charge psychologique et sociale des victimes,
Des refuges et centres d’accueil pour les survivantes.
Cependant, son application reste limitée, surtout en milieu rural, où la peur des représailles et la stigmatisation freinent les dénonciations.
Le mariage précoce : un combat prioritaire
Le mariage précoce touche principalement les filles et compromet leur avenir. La loi n°2015-08 interdit le mariage avant 18 ans pour éviter :
L’abandon scolaire,
Les grossesses précoces,
Les violences conjugales.
Des campagnes de sensibilisation impliquant chefs traditionnels et religieux visent à déconstruire cette pratique et à promouvoir l’éducation des filles comme alternative.
Un engagement international affirmé
Le Bénin a ratifié plusieurs conventions pour renforcer la lutte contre les VBG :
La CEDAW, qui impose des mesures contre les discriminations,
Le Protocole de Maputo, garantissant les droits des femmes africaines,
Les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l’ODD 5 sur l’égalité des sexes.
Des dispositifs pour accompagner les victimes
Pour assurer justice et protection aux victimes, plusieurs structures existent :
Les commissariats et tribunaux pour recueillir les plaintes,
Les organisations de la société civile, qui offrent un accompagnement juridique et psychologique,
Le système SIDoFFE-NG, qui facilite la prise en charge des survivantes.
Selon Dr Nassirou Kassoumou Hararou, les violences psychologiques prédominent (47,06 %), suivies des violences physiques (15,71 %) et économiques (12 %).
Des conséquences profondes sur les victimes et la société
Les VBG laissent des séquelles psychologiques, physiques et sociales. Fernande Adekou, assistante sociale, souligne que ces violences désintègrent parfois les familles, surtout lorsque l’auteur et la victime appartiennent au même foyer. Dans les cas extrêmes, elles peuvent être fatales.
Un appel à une application renforcée des lois
Malgré un cadre juridique solide, plusieurs défis demeurent :
Un accès limité à la justice, notamment pour les populations rurales,
Un manque de sensibilisation, qui empêche de nombreuses victimes de porter plainte,
Une formation insuffisante des forces de l’ordre et des acteurs judiciaires.
Pour une meilleure efficacité, il est crucial de :
1. Simplifier les procédures judiciaires, pour les rendre plus accessibles,
2. Intensifier les campagnes d’éducation, pour informer sur les droits et recours,
3. Renforcer les capacités des institutions locales, pour améliorer la réponse aux signalements,
4. Impliquer les hommes et les garçons, pour déconstruire les normes patriarcales favorisant ces violences.
Un engagement collectif pour un Bénin sans violences
Les lois, aussi ambitieuses soient-elles, ne suffisent pas. Une mobilisation collective est essentielle pour sensibiliser, protéger et faire évoluer les mentalités.
Le combat contre les VBG est une responsabilité partagée. Citoyens, leaders communautaires, autorités publiques et partenaires internationaux doivent s’unir pour un Bénin où femmes et filles vivent en sécurité et dans la dignité.
Victorin FASSINOU
Avec le soutien de CeRADIS-ONG , membre de l’Alliance Droits et santé