Tisser des liens entre cultures, visions et époques : c’est l’esprit qui a guidé la rencontre du vendredi 18 avril 2025 au Kulturforum Sud‑Nord, à Togbin Plage, en périphérie de Cotonou. À l’invitation du Dr Stephan Köhler, artistes, curateurs et passionnés d’art contemporain ont échangé avec Jean‑Marie Gallais, conservateur à la Pinault Collection, et Georges Adéagbo, figure béninoise de l’art international.
Officiellement en vacances au Bénin, Jean‑Marie Gallais a répondu avec enthousiasme à l’invitation pour partager les principes fondateurs de la Pinault Collection, l’une des plus influentes au monde. Il a évoqué une collection vivante, fondée sur la fidélité aux artistes, une grande liberté curatoriale et un dialogue constant entre œuvres politiques, pièces rares et talents émergents. « Ce qui rend cette collection unique, c’est sa capacité à créer des ponts entre les univers », a-t-il déclaré devant un public nombreux, curieux et engagé.
Aux côtés de Gallais, Georges Adéagbo est revenu sur son parcours et sa place dans les institutions muséales internationales. Son œuvre, actuellement exposée dans Corps et Âmes à la Bourse de Commerce à Paris, est la première d’un artiste béninois à intégrer la prestigieuse collection. Un geste fort, salué par Stephan Köhler, qui a motivé l’organisation de cette soirée au Bénin.
La discussion a ouvert des pistes de réflexion sur l’avenir des musées : l’importance du dialogue interculturel, la place des collections privées, ou encore les choix architecturaux. François Pinault, en rénovant des lieux emblématiques comme la Bourse de Commerce ou le Palazzo Grassi, inspire une réflexion locale : « Nous construisons actuellement quatre musées au Bénin, mais d’anciens bâtiments comme l’imprimerie nationale de Porto‑Novo auraient pu être repensés », a commenté Köhler, plaidant pour une meilleure valorisation du patrimoine existant.
Porté par une ambiance chaleureuse et une sincère volonté de partage, l’événement a aussi permis d’envisager de nouvelles perspectives pour le Kulturforum Sud‑Nord. Le centre entend intensifier ses activités : débats autour de sa bibliothèque, cercles de discussion, concours d’écriture critique… autant de projets pour faire émerger une parole artistique béninoise plus audible à l’échelle internationale.
En parallèle, Stephan Köhler accompagne Georges Adéagbo dans ses futurs projets : une invitation au Centre Pompidou-Metz, une collaboration avec le Louvre et deux expositions prévues aux États-Unis. Cette soirée a ainsi concrétisé une ambition : construire une passerelle entre le Nord et le Sud, entre collectionneurs, curateurs et créateurs, au bénéfice d’un art profondément humain et ouvert.
Le lien vidéo de la conversation sera bientôt disponible sur le compte Instagram @Kulturforum_Sud_Nord.
Victorin FASSINOU
