Dans son sermon du vendredi 20 juin 2025, à l’orée de la nouvelle année hégirienne, son Éminence El-Hadj Moutawakil Boukari a livré un message fort de spiritualité, de paix et de responsabilité. Saluant la décision du président de ne pas briguer un troisième mandat, il a exhorté les Béninois à prier pour la stabilité du pays, tout en appelant la communauté internationale à œuvrer au dialogue entre l’Iran et Israël. S’appuyant sur les enseignements du mois de Muharram, il a rappelé les dispositions à observer pour entamer l’année sous la grâce divine.
Dans un prêche empreint de solennité, El-Hadj Moutawakil Boukari a invité les fidèles à faire du passage à la nouvelle année hégirienne un moment d’introspection. « Une année entière de notre vie s’est écoulée. Qu’avons-nous accompli de bien ? Qu’avons-nous abandonné comme péchés ? » interroge-t-il. Il souligne que le temps qui passe n’est pas anodin, car chaque jour nous rapproche de notre destinée finale. Ce rappel vise à inciter les croyants à redonner du sens à leur foi, à méditer sur les bienfaits du repentir sincère et à renforcer leur lien avec Allah. À travers une analyse du verset d’Al-Imran 30, l’Imam met l’accent sur la responsabilité individuelle de chacun devant Dieu : « Ce qui s’est passé ne meurt pas ; il attend le Jour du Jugement. » Un appel clair à tourner la page avec sincérité, à condition d’abandonner les mauvaises œuvres pour ne pas entamer l’année avec des dettes spirituelles.
Le mois sacré de Muharram, que le Prophète Muhammad (PSL) qualifiait de « mois d’Allah », est riche en recommandations. Le sermon rappelle que le jeûne durant ce mois, notamment le jour de l’Achoura (10ᵉ jour), permet d’expier les péchés d’une année entière. À ce sujet, El-Hadj Boukari revient sur le sens du jeûne de l’Achoura, en référence à la libération de Moïse (PSL) et de son peuple face à Pharaon. Le sermon souligne également l’importance de différencier ce jeûne de celui pratiqué par les Juifs à Médine, en y ajoutant un jour avant ou après. Cette nuance, dit-il, incarne l’esprit d’obéissance au Prophète et la singularité de la tradition islamique. La victoire de Moïse (PSL) est perçue comme celle de la vérité sur le mensonge. En célébrant cette victoire à travers le jeûne, les musulmans participent spirituellement à cet événement, indépendamment des siècles qui les en séparent. Pour El-Hadj Boukari, c’est une démonstration de l’unité profonde de la Oumma, fondée sur la foi, au-delà des origines, langues ou nationalités.
El-Hadj Boukari a mis en garde contre certaines pratiques innovées (ou bid’a) le jour de l’Achoura, souvent issues de hadiths faibles, voire inventés. Il rappelle que l’Islam ne reconnaît que deux fêtes : l’Aïd el-Fitr et l’Aïd el-Kebir. Par conséquent, célébrer le début de l’année hégirienne comme une fête constitue une dérive. La prudence est donc requise pour rester dans le droit chemin, selon la tradition prophétique.
Il revient également sur le sens profond de la migration du Prophète et des premiers compagnons, un sacrifice total pour préserver la foi. À travers cet épisode fondateur, l’Imam nous invite à une « émigration intérieure », celle du cœur et des actes : passer de la désobéissance à l’obéissance, du mal au bien. Dans cette perspective, il implore Allah de faire de la nouvelle année une période de bénédictions pour le Bénin et l’ensemble du monde musulman. Il prie pour que les cœurs s’ouvrent à la paix, que les divisions s’estompent et que les peuples, en particulier ceux en conflit comme l’Iran et Israël, retrouvent le chemin du dialogue.
Par ce sermon dense et structuré, El-Hadj Moutawakil Boukari montre combien la spiritualité musulmane, bien vécue, est à la fois un levier de transformation personnelle et un appel à la responsabilité collective. En ces premiers jours de l’année hégirienne, il nous exhorte à entamer un chemin de foi, d’engagement et de solidarité. Un appel à l’unité des musulmans, à la paix entre les nations, et à l’amour sincère de Dieu.
Victorin FASSINOU