La Salle de participation citoyenne d’Abomey-Calavi a accueilli, du 11 au 15 août 2025, un camp annuel réunissant une vingtaine de jeunes du Bénin, du Burkina Faso et du Togo autour des mécanismes et instruments de protection des droits humains. Une initiative soutenue par l’Ambassade de France au Bénin et portée par le CODAP et le CDFDH, qui vise à renforcer l’engagement de la jeunesse dans la promotion du changement social.
Durant cinq jours, Abomey-Calavi a été le carrefour d’un dialogue actif et constructif entre jeunes venus du Bénin, du Burkina Faso et du Togo. Ce camp annuel s’inscrit dans le cadre de l’initiative sous-régionale pour le renforcement de l’engagement des jeunes en matière de droits humains, portée par le CODAP, le CDFDH et le C.L.F.D.H.A., avec l’appui de l’Ambassade de France au Bénin. Dans une ambiance studieuse mais conviviale, les participants ont été initiés aux mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de protection des droits humains, avec un accent particulier sur leur rôle dans la promotion du changement social. Les échanges ont permis d’aborder des thématiques variées telles que l’égalité de genre, la protection des personnes vulnérables, la participation citoyenne et l’importance de l’éducation aux droits humains. Les intervenants, composés d’experts, de formateurs et d’acteurs institutionnels, ont partagé leurs expériences et présenté des outils concrets permettant aux jeunes de s’impliquer efficacement dans leurs communautés. Cette approche interactive a favorisé un partage d’expériences entre pays, tout en renforçant la solidarité régionale autour des valeurs universelles de dignité, de liberté et de justice.À travers des ateliers pratiques, des simulations et des discussions en groupe, les participants ont développé des compétences en plaidoyer, en animation communautaire et en suivi des engagements publics en matière de droits humains. L’objectif est clair : former une génération de jeunes leaders capables d’initier et de porter des actions concrètes pour un changement social durable. Les organisateurs espèrent qu’à l’issue de cette formation, chaque participant pourra, dans son pays, agir comme un relais engagé pour la défense et la promotion des droits humains, contribuant ainsi à bâtir une société plus juste et équitable.À l’ouverture du Camp, le président du conseil d’administration de Changement Social, Ralmeg Gandaho, a félicité les participants pour leur sélection, fruit d’un processus rigoureux, et salué le travail du staff organisateur. Il a rappelé que cette initiative, soutenue par le CODAP et l’Ambassade de France, s’inscrit dans une dynamique régionale au Bénin, au Togo et au Burkina Faso, visant à renforcer les capacités des jeunes pour leur implication dans le contrôle citoyen de l’action publique. M. Gandaho a insisté sur le contexte actuel marqué par un recul préoccupant de l’État de droit et par l’approche des élections générales de 2026, soulignant la nécessité pour la jeunesse de conjuguer savoir-être, savoir-faire et savoir-agir pour une participation positive, pacifique et responsable. Revenant sur l’expérience de Changement Social lors du monitoring des droits humains en 2021, il a affirmé que l’engagement citoyen devait s’inscrire dans le respect des règles et des institutions, loin de la violence, et en utilisant les mécanismes juridiques disponibles. Il a conclu en invitant les jeunes à profiter pleinement de cette formation pour bâtir une action citoyenne durable et efficace : « Montrons aux Béninois qu’on peut s’impliquer dans la gouvernance publique de la manière la plus positive, pacifique et responsable ».
Un dialogue et une formation pour renforcer les jeunes leaders
Lors de la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition du Camp national des jeunes, la chargée de mission société civile, coopération décentralisée et volontariat à l’Ambassade de France au Bénin, Sadio Camara, a salué le travail de l’ONG Changement Social Bénin et l’engagement de son président, Ralmeg Gandaho. Elle a souligné que le thème retenu cette année, « Droits humains et processus électoraux », est particulièrement pertinent dans le contexte actuel, et a réaffirmé la conviction de l’Ambassade que la formation et le renforcement des compétences des jeunes constituent des leviers essentiels pour consolider l’État de droit et bâtir une démocratie inclusive.Mme Camara a rappelé que Changement Social Bénin est un partenaire clé de l’Ambassade pour mobiliser la jeunesse autour des valeurs démocratiques, et a encouragé les participants à profiter pleinement de cette semaine de formation pour échanger, poser des questions et tisser des liens durables. Lors de la cérémonie d’ouverture, la Secrétaire générale de la Commission béninoise des droits de l’homme (CBDH), Lérya Koundé, a salué l’initiative de l’ONG Changement Social et de ses partenaires, soulignant l’importance de cet événement organisé pour la deuxième fois. Elle a rappelé que ce camp se tient à la veille de la Journée internationale de la jeunesse, célébrée chaque 12 août, et qu’il offre une opportunité unique aux jeunes venus de divers horizons de réfléchir à leur rôle dans la consolidation de l’État de droit, surtout à l’approche des élections générales de 2026.
Mme Koundé a également mis en avant la volonté de la CBDH de renforcer son partenariat avec la société civile et les autorités, citant l’accompagnement apporté à Changement Social dans le cadre du projet sur l’élaboration de rapports alternatifs pour le quatrième cycle de l’Examen périodique universel (EPU) du Bénin. Elle a enfin invité les participants à la discipline et à l’écoute active, convaincue que « les riches enseignements prévus à l’agenda renforceront vos capacités pour faire de vous des acteurs de changement ». Mme Reine Alapini Gansou, juge à la Cour pénale internationale, a lancé les travaux du camp avec un message empreint de lucidité et d’espoir. Saluant l’initiative du « Changement Social », elle a choisi de s’adresser aux participants en tant que « défenseurs des droits de l’homme », affirmant qu’aucun développement n’est possible sans leur promotion. Évoquant les turbulences actuelles en matière de droits humains et de relations internationales, elle a rappelé que « presque tous les conflits en Afrique sont liés aux problèmes électoraux », citant plusieurs pays ayant connu des crises post-électorales. Pour elle, les enjeux électoraux et la défense des droits humains constituent les deux piliers sur lesquels doit reposer le travail des jeunes leaders. La magistrate a insisté sur l’importance d’éduquer les populations au comportement citoyen pendant les élections, mais aussi de sensibiliser les acteurs politiques. Elle a encouragé les participants à s’approprier les cadres normatifs existants, notamment la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance ainsi que le protocole de la CEDEAO sur la bonne gouvernance afin de les utiliser « à bon escient ». À propos du rôle de la société civile, elle a rappelé que « la seule arme que nous avons, c’est le plaidoyer », et que celui-ci doit être exercé avec rigueur, dans le calme et la discrétion, mais avec efficacité.Mme Reine Alapini Gansou a également mis en garde la jeune génération contre la tentation de répéter les erreurs des aînés : « Si tant est si facile pour vous de nous faire des reproches, sachez que vos enfants aussi vous en feront. ». Elle a invité les jeunes à travailler sans relâche, à croire en leur mission et à veiller à ce que les fruits de leurs engagements « portent la promesse des fleurs ».
Victorin FASSINOU