À la Bourse du Travail de Cotonou, la CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB ont dénoncé la précarité des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) et lancé un appel au gouvernement pour leur reversement dans la fonction publique. Après six années de service, ces enseignants continuent d’assurer une part essentielle des cours dans tout le pays, mais demeurent privés de stabilité et de perspectives professionnelles. La situation des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) continue d’alimenter le débat social au Bénin. Réunis à la Bourse du Travail à Cotonou, les responsables des principales centrales syndicales, la CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB, ont élevé la voix pour plaider en faveur du reversement de ces milliers d’enseignants précaires dans la fonction publique.
Au cours de ce point de presse, les leaders syndicaux ont insisté sur l’apport considérable des AME dans le système éducatif béninois depuis leur recrutement. Selon eux, ces enseignants, présents aussi bien en milieu urbain que rural, contribuent largement au maintien des effectifs dans les écoles et à l’amélioration des résultats scolaires. Pourtant, malgré les sacrifices consentis, ils demeurent dans une situation marquée par la précarité et l’incertitude professionnelle. Les centrales syndicales estiment qu’après plusieurs années de service, il est temps que l’État prenne ses responsabilités pour garantir une stabilité de carrière aux AME. « Nous en appelons au sens élevé de responsabilité du président Patrice Talon pour que justice soit rendue à ces travailleurs qui portent une part essentielle de l’avenir de notre pays », ont-elles lancé. Dans leur plaidoyer, la CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB demandent non seulement le reversement pur et simple des AME dans la fonction publique, mais également l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. À leurs yeux, un enseignant qui vit dans la précarité ne peut assurer pleinement sa mission de transmission du savoir. Les responsables syndicaux ont enfin réaffirmé leur disponibilité au dialogue avec les autorités compétentes, tout en prévenant que la mobilisation des enseignants et de leurs représentants ne faiblira pas tant que cette revendication centrale n’aura pas trouvé de réponse favorable. À travers cette sortie conjointe, les trois centrales rappellent que la dignité de l’enseignant reste la clé de voûte d’une éducation de qualité. Leur appel au chef de l’État se veut un cri de détresse, mais aussi une interpellation à agir rapidement pour mettre fin à une situation qui n’a que trop duré.
V.F
APPEL DES CONFEDERATIONS SYNDICALES POUR LE REVERSEMENT DES ASPIRANTS AU METIER D’ENSEIGNANT (AME)
Plaidoyer pour le reversement des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) en Agents Contractuels de Droit Public de l’État (ACDPE) ou en Fonctionnaires d’État (FE), conformément aux engagements et promesses du gouvernement et en respect des principes de sécurité d’emploi, des normes de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et des droits humains.
Introduction
Depuis l’introduction du programme des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) en 2018, des milliers de jeunes diplômés ont été mobilisés pour répondre au déficit d’enseignants dans les écoles publiques du Bénin.
Ces travailleurs :
Assurent une fonction permanente dans l’appareil éducatif,
Interviennent dans toutes les zones du pays, y compris les plus reculées,
Exercent leurs missions avec professionnalisme et abnégation.
Pourtant, après plus de six années de service continu, tout est resté dans un statut précaire :
contrats annuels indéfiniment renouvelés,
rémunérations modestes,
absence de sécurité sociale complète,
inexistence de plan de titularisation.
Cette situation rend les AME particulièrement vulnérables dans une société où ils sont perçus tout le temps comme des enseignants de seconde zone, des travailleurs temporaires à avenir incertains. L’enseignant AME aussi, ne pouvant faire un projet de vie décent par rapport à son métier, vit continuellement dans la peur d’une rupture de contrat à tout moment.
Les promesses de reversement en 2024 n’ayant été tenues, l’échéance de juin 2025 fixé étant dépassé sans l’effectivité du reversement, la CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB ont décidé une fois encore de rappeler la place prépondérante de ces travailleurs dans le système éducatif et de lancer un appel au gouvernement à cet effet en cette veille de la rentrée scolaire.
La sécurité d’emploi et impact des AME dans le système éducatif
Nous voulons profiter de cette tribune pour rappeler aux gouvernants que la sécurité d’emploi signifie qu’un travailleur occupant un poste permanent doit bénéficier d’un contrat stable et d’une protection contre le licenciement arbitraire. Elle interdit la rupture injustifiée du contrat de travail et limite les contrats temporaires à des besoins exceptionnels. Elle impose aux Etats de garantir un travail stable et productif pour tous. Dans le cas des AME, le recours répété à des CDD sur plus de six ans pour un emploi permanent viole l’esprit et la lettre de tous les textes alors que cette catégorie d’enseignants apporte une très bonne et grande contribution au système éducatif béninois.
Pour preuve, les AME assurent jusqu’à 40 % des heures d’enseignement dans certaines zones. Leur présence a permis de stabiliser le calendrier scolaire et d’éviter des fermetures de classes.
Grâce à leur engagement, le taux de couverture pédagogique dans certaines communes est passé de moins de 60 % à plus de 90 % (source : statistiques internes MEMP, 2024).
Sans leur contribution, l’État aurait été contraint de recruter massivement en urgence ou de recourir à des enseignants non qualifiés, avec un impact négatif sur la qualité des apprentissages.
Expérience et compétences acquises
Après plusieurs années de service, les AME ont acquis une maîtrise des programmes officiels, des méthodes pédagogiques et des outils d’évaluation. Ils ont bénéficié de formations continues organisées par les DDEMP et les inspections. Leur ancienneté leur confère une connaissance fine du terrain et des réalités des apprenants.
Ces critères répondent aux exigences de recrutement direct en ACDPE ou en FE, telles que prévues par les bonnes pratiques en matière de gestion des ressources humaines dans la fonction publique.
Il n’est pas superflu de rappeler que dans les années 2008, la fonction publique béninoise a déjà procédé à des reversements du genre si bien que le cas des AME ne serait pas une première.
Effets positifs attendus du reversement
Les AME, une fois reversés, auront une stabilité professionnelle, une motivation plus accrue et leur dignité ainsi serait restaurée.
Pour l’État, la fidélisation du personnel, une meilleure planification des ressources humaines et une maitrise de la qualité des enseignants serait profitable au système éducatif et à la nation; sans oublier l’amélioration de la qualité de l’enseignement.
Ce reversement mettrait aussi le Bénin en conformité avec les objectifs de développement durable (ODD 4 et ODD 8) relatifs à l’éducation de qualité et au travail décent.
Précédents et faisabilité
Des opérations similaires ont été menées dans le secteur de la santé et de l’administration territoriale avec succès. Les coûts d’intégration peuvent être lissés sur 2 à 3 ans grâce à un plan progressif.
Conclusion
Nous demandons au gouvernement et plus particulièrement au Chef de l’Etat d’avoir un regard bienveillant vers les AME afin d’apaiser leurs cœurs en cette veille de la rentrée en les reversant. C’est aussi une manière de les féliciter pour la qualité de leur travail qui influe sur les bons résultats des examens nationaux depuis quelques années.
Excellence, Monsieur le Chef de l’Etat, tous les regards sont tournés vers vous pour la solution finale de ce reversement. Les AME croient en vous en tant que bon père de famille, bon père pour tous les enfants du Bénin.
Les AME vous remercient d’avance.
Cotonou, le 20 Août 2025