À Tanguiéta, Hortense et Clémence ont ouvert leurs portes à des familles déplacées, donné une partie de leur résidence et partagé leurs modestes ressources. Dans un contexte de déplacements forcés à la suite d’incidents sécuritaires à Tanougou, ces deux femmes incarnent la solidarité silencieuse qui maintient l’espoir et la dignité au sein des communautés locales.
Dans le nord du Bénin, l’arrivée soudaine de familles déplacées bouleverse le quotidien des autochtones. À Porka et Gorobani, dans la commune de Tanguiéta, certaines femmes ont choisi de ne pas détourner le regard. Hortense et Clémence, malgré leurs moyens modestes, ont ouvert leur maison, offert un toit et partagé ce qu’elles avaient avec des ménages qui avaient laissé tout derrière eux pour fuir l’insécurité. Ce n’étaient pas de grands gestes spectaculaires, mais pour ces familles en détresse, chaque assiette, chaque lit et chaque sourire représentaient l’espoir.
Clémence, un cœur grand ouvert à Porka
À Porka, Sagi Clémence, ménagère et mère de famille, se souvient encore du jour où une jeune femme est venue frapper à sa porte. Elle cherchait une petite chambre à louer dans la localité pour les besoins de sa formation. Mais quelques jours à peine après son installation, toute sa famille a fui Tanougou pour rejoindre la jeune femme : dix personnes au total. La petite chambre était bien trop étroite. Clémence a alors pris sur elle d’installer toute la famille dans sa propre chambre, partageant son espace de vie avec ses enfants. « Quand ils sont arrivés, même pour manger, c’était très difficile », confie-t-elle, la voix pleine de réalisme et de douceur. Déjà responsable de quatre enfants, Clémence accueille également un enfant de sa sœur décédée, deux enfants de son grand frère et une petite sœur. Accueillir ces déplacés représente une charge lourde, mais elle n’a pas hésité un instant. D’autres familles sont ensuite arrivées. Faute de place, certains auraient dû dormir dehors ou sur la terrasse, mais Clémence n’a pas accepté. Elle a libéré une chambre pour qu’ils aient un toit digne.
Pour alléger cette charge, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), en appui au gouvernement béninois, ont mis en place une opération d’assistance au profit des personnes déplacées des suites de l’incident sécuritaire à Tanougou, mais aussi au profit des familles hôtes. Clémence, en tant que cheffe de son ménage, a reçu, le mercredi 10 septembre 2025, à Tanguiéta, au cours d’une distribution sur le site de la Croix-Rouge béninoise, une somme de 30 000 francs CFA. « Avec cet argent, je vais lancer une petite activité, acheter des denrées, préparer la rentrée scolaire et améliorer un peu notre quotidien », explique-t-elle. Une somme modeste, mais précieuse. Elle ne couvre pas toutes les charges, mais permet à Clémence d’envisager un peu de soulagement pour sa famille et les enfants qu’elle héberge. Avant de conclure notre entretien, elle ajoute, avec un sourire sincère : « Je remercie beaucoup le PAM et l’UNICEF. Leur aide nous soulage et nous encourage à continuer. Que Dieu leur donne la santé pour qu’ils puissent continuer à aider les gens dans le besoin. »
Hortense, un refuge à Gorobani
À Gorobani, Sotima Douce Hortense vit la même réalité, mais sous une autre forme. Une famille entière, composée de la maman, de deux jeunes filles, de deux garçons et d’une petite fille, a frappé à sa porte, fuyant l’insécurité à Tanougou. Sans abri, sans ressources, ces enfants et leur mère se sont retrouvés chez Hortense. « En tant qu’être humain, je ne pouvais pas les rejeter. On ne sait jamais quand soi-même on peut avoir des problèmes », explique-t-elle, les yeux emplis de sérieux et de compassion. Hortense a partagé non seulement son toit, mais aussi ses repas et son quotidien avec cette famille. « On s’est débrouillé. On vit ensemble selon nos moyens, on partage ce qu’on a et on s’entend pour continuer », raconte-t-elle. Pour Hortense, ce geste humanitaire, aussi modeste soit-il, montre que la solidarité existe encore et qu’elle peut transformer un peu la vie de ceux qui souffrent. Elle adresse un message chaleureux aux partenaires : « Nous remercions sincèrement le PAM et l’UNICEF d’avoir pensé aux déplacés. Que Dieu leur donne la santé et la force pour qu’ils puissent continuer à aider les gens dans le besoin. »
Clémence et Hortense, chacune dans son foyer, montrent que la solidarité n’a pas besoin de grands moyens pour être réelle et efficace. Des témoignages, dans un contexte où les familles d’accueil portent une double charge, la leur et celle des déplacés, chaque geste compte. Partager un toit, offrir un repas ou un peu d’attention, c’est reconstruire un peu d’espoir et de dignité. Ces deux femmes incarnent ce visage humain de l’assistance, rappelant que même les gestes modestes peuvent transformer des vies.
Victorin Fassinou