Exposition d’art plastique à l’IFB : Sébastien BOKO fait dialoguer mémoire et modernité avec « Nùxìxà »

 

L’Institut français du Bénin a accueilli, le mercredi 1er octobre 2025, le vernissage de l’exposition « Nùxìxà » de l’artiste béninois Sébastien BOKO. Présentée jusqu’au 31 octobre, cette création inédite mêle sculptures, peintures et installations immersives pour explorer la numération traditionnelle en langue fon, entre mémoire, identité et modernité.

Nùxìxà – qui signifie « nous qui comptons » – est le titre que Sébastien BOKO a choisi pour son exposition. À travers ce projet, l’artiste revisite la numération traditionnelle en langue fon, un système où les nombres dépassent leur simple fonction mathématique pour devenir récits, symboles et gestes. « C’est une revanche poétique, une manière d’atténuer ces blessures et de redonner à la langue fon la place qui lui revient », a-t-il expliqué au public du vernissage. Certaines expressions révèlent cette richesse linguistique et imaginaire : « À 16, on dit trois pieds plus un œil ; à 20, on dit ko, qui renvoie à l’argile et donc à la terre. ». En sculptures, peintures et installations immersives, BOKO transforme ce patrimoine en une expérience sensorielle et universelle, qui interroge mémoire et contemporanéité.

Quand compter devient récit

Pour l’artiste, ce projet constitue aussi un acte de résistance contre l’effacement culturel. « Ce projet est ma façon d’affirmer que nous sommes là, enracinés dans nos cultures, mais ouverts au monde », a-t-il affirmé. Ainsi, la numération fon devient un langage plastique qui dialogue avec l’art contemporain, tout en réhabilitant un héritage fragilisé par le temps. Le directeur de l’Institut français du Bénin, Jérôme Binet, a rappelé qu’il s’agissait de la première exposition de la saison culturelle 2025-2026, mais aussi de la première présentation des peintures de Sébastien BOKO au Bénin. Il a mis en avant l’importance de la médiation culturelle et annoncé des ateliers pédagogiques avec l’artiste, ouverts aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Le vernissage a réuni un public nombreux : autorités culturelles, acteurs du secteur, étudiants et passionnés d’art. Tous ont salué le talent de Sébastien BOKO, déjà reconnu dans la sculpture, et désormais porté par une écriture picturale qui affirme son statut d’artiste accompli. Le slameur vodoun Amagbegnon a également offert une performance en lien avec le thème de l’exposition, ajoutant une dimension poétique et vivante à l’événement.

Sébastien Boko, un artiste béninois aux horizons pluriels

Sculpteur et peintre, Sébastien Boko est une figure majeure de la scène artistique béninoise. Révélé par le premier prix national de sculpture sur bois en 2012, il a depuis exposé en Afrique, en Europe, en Asie et en Amérique, remportant notamment le 3ᵉ prix de la Biennale internationale de sculpture de Ouagadougou en 2023 et participant à la foire 1:54 de New York. Polyvalent, il conjugue sculpture, peinture, installations et slam pour interroger mémoire, tradition fon et féminité. Ses œuvres, à la fois puissantes et poétiques, établissent un pont entre héritage béninois et universalité, confirmant sa place d’ambassadeur de l’art contemporain africain.

Victorin Fassinou

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