Bénin / Débats Écolo à Godomey : AJBCN en première ligne pour renforcer la résilience face aux inondations

À la Bibliothèque Bénin Excellence de Godomey Ayimévo, journalistes, experts et acteurs humanitaires ont planché, le 3 octobre 2025, sur les moyens d’améliorer la résilience des populations face aux inondations. L’initiative, portée par l’Association des Journalistes du Bénin sur les Crises et Catastrophes Naturelles (AJBCN), a mis en lumière l’importance des alertes précoces et des actions d’anticipation.

Sous la houlette de l’AJBCN, les “Débats Écolo” ont une fois encore servi de cadre d’échanges sur les défis environnementaux du moment. Cette fois, c’est la menace grandissante des inondations, de plus en plus récurrentes au Bénin, qui a mobilisé journalistes, environnementalistes, membres de la Croix-Rouge et responsables de la protection civile. Ensemble, ils ont exploré des pistes concrètes pour anticiper les crises et renforcer la résilience des communautés vulnérables. Dans son mot de bienvenue, le président de l’AJBCN, Patrice Soglo, a rappelé le rôle crucial des médias dans la prévention des catastrophes naturelles. Il a invité les journalistes à se spécialiser dans la couverture des questions environnementales, soulignant qu’une presse bien formée peut devenir un véritable levier de sensibilisation et d’alerte. « Poser des questions techniques, chercher à comprendre les causes et les conséquences, c’est contribuer à sauver des vies », a-t-il insisté. Rabiou Assouman, représentant de l’Agence Béninoise de Protection Civile (ABPC), a présenté les avancées récentes dans la gestion des urgences. Il a rappelé que les inondations de 2010 avaient mis en lumière de profondes lacunes dans le dispositif national. Mais ce sont les drames de 2023 – l’incendie du bus de Dassa-Zoumè et l’explosion de Sèmè-Kpodji qui ont précipité une réforme d’envergure. La fusion entre l’ancienne Agence nationale de protection civile et le Groupement des sapeurs-pompiers a donné naissance à une structure plus moderne et mieux organisée : l’ABPC, désormais subdivisée en cinq départements avec une couverture territoriale étendue. Représentant la Croix-Rouge béninoise, une participante a présenté le projet CLAR (Crise, Lien, Alerte, Résilience), axé sur l’anticipation des catastrophes. L’approche repose sur des prévisions fiables et des actions préventives : curage des caniveaux, renforcement d’abris, distribution de kits, transferts monétaires aux ménages vulnérables. Les bénéficiaires sont identifiés selon des critères précis : femmes enceintes, personnes âgées, habitants d’habitats précaires, sinistrés récurrents. Le cas des « femmes chèvres », ces travailleuses rurales dynamiques mais souvent oubliées des programmes d’aide, a particulièrement marqué les échanges.Les intervenants ont convenu que la technologie seule ne suffit pas. Les systèmes d’alerte doivent s’appuyer sur les savoirs endogènes. À Bonou, par exemple, des balises colorées indiquent les niveaux de crue, tandis que certaines communautés continuent d’observer les comportements animaux pour anticiper les pluies. Cette combinaison de connaissances modernes et traditionnelles est perçue comme un modèle d’efficacité communautaire. Au terme des échanges, un message fort s’est dégagé : la résilience n’est pas un mot, c’est un processus collectif. Elle se bâtit dans la proximité, avec les communautés, à travers l’éducation, la prévention et la communication. Les journalistes, par leur capacité à informer et à relayer les bonnes pratiques, sont appelés à jouer un rôle de sentinelles. « La crise, c’est quand on peut encore gérer ; la catastrophe, c’est quand tout nous dépasse ; la résilience, c’est notre capacité à rebondir », a résumé un intervenant, dans une formule reprise en écho par l’auditoire.

Victorin FASSINOU

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