Mutinerie du 7 décembre : Les révélations du Conseil extraordinaire des ministres

Au lendemain de la mutinerie du 7 décembre 2025, le Président Patrice Talon a réuni en urgence le Conseil des ministres pour faire le point sur une tentative de déstabilisation visant les institutions de la République. Entre attaques coordonnées, riposte déterminée des Forces de Défense et de Sécurité et appui sous-régional, le Gouvernement revient sur une nuit d’extrême tension qui a failli ébranler l’ordre constitutionnel.

COMPTE-RENDU DU CONSEIL DES MINISTRES

Séance extraordinaire du lundi 8 décembre 2025

Le Conseil des Ministres s’est réuni en séance extraordinaire ce lundi 8 décembre 2025, sous la présidence de Monsieur Patrice TALON, Président de la République. La séance a été élargie aux ministres conseillers ainsi qu’au haut commandement des Forces de Défense et de Sécurité.

L’ordre du jour était consacré exclusivement aux événements survenus le dimanche 7 décembre 2025.

1. Tentative de mutinerie visant à renverser les institutions

Selon le point détaillé présenté par le Chef de l’État, un groupuscule de soldats a organisé une mutinerie visant à :

démettre le Président de la République de ses fonctions ;

soumettre les Institutions de la République ;

remettre en cause l’ordre constitutionnel établi.

Dans un premier temps, les mutins avaient entrepris de neutraliser ou kidnapper certains officiers généraux et supérieurs de l’Armée en raison de leurs responsabilités au sein des Forces Armées Béninoises ou de l’appareil d’État.

2. Attaques ciblées contre des officiers supérieurs

Vers 2h du matin, les mutins se sont rendus au domicile du général Bertin BADA, Directeur du Cabinet militaire du Président de la République. Celui-ci a réussi à s’échapper, mais son épouse a été mortellement blessée.

Informé, le commandement militaire a sollicité l’appui de la base militaire de Togbin. Le retard dans la réaction a conduit à dépêcher sur place le colonel Faïzou GOMINA, commandant de la base. Une fois sur les lieux, il a été violenté et pris en otage, confirmant que la mutinerie prenait sa source dans cette base.

Les mutins ont ensuite attaqué le domicile du général Abou ISSA, Chef d’État-major de l’Armée de Terre. Après une résistance acharnée, celui-ci a été kidnappé par une équipe se présentant comme renfort.

Les renseignements militaires ont établi que les mutins avaient quitté la base de Togbin avec des armes et des engins blindés.

3. Attaque contre la résidence du Chef de l’État

Aux environs de 5h du matin, les mutins ont pris la direction de la résidence présidentielle.
La Garde Républicaine, alertée et sous les ordres de sa hiérarchie, les y attendait. De violents affrontements ont opposé les deux camps.

Le Président de la République a vécu les combats aux côtés des éléments de la Garde Républicaine jusqu’à ce que les mutins, débordés, battent en retraite.

4. Prise temporaire de l’ORTB

Poursuivant leur plan, les mutins se sont rendus à la Télévision nationale, qu’ils ont brièvement contrôlée afin d’y diffuser une déclaration.
Ils en ont été délogés peu après par l’Armée loyale, abandonnant sur place certains éléments qui ont été arrêtés.

5. Encerclement de la base de Togbin et frappes ciblées

Les mutins ont ensuite tenté de rouvrir des fronts, notamment à la base de Togbin où ils disposaient encore de blindés.
L’Armée républicaine, renforcée par les casernes voisines, a encerclé la zone et se préparait à un assaut.

Cependant, du fait de la densité de l’habitat environnant, le Chef suprême des Armées a opté pour des frappes aériennes ciblées afin d’éviter des victimes civiles.
À la demande du Bénin, la CEDEAO a activé la coopération sous-régionale :

L’aviation militaire du Nigeria a mené des frappes ayant neutralisé des engins blindés ;

Une force spéciale de Côte d’Ivoire est arrivée à Cotonou pour appuyer d’éventuelles opérations.

Sans pertes humaines, la base a été reprise et une force en attente de la CEDEAO, composée de soldats nigérians, y est désormais déployée.

6. Libération des officiers retenus en otage

Grâce à l’action des renseignements et au dispositif mis en place, le général Abou ISSA et le colonel Faïzou GOMINA ont été libérés au petit matin du lundi 8 décembre à Tchaourou, où ils avaient été conduits par les mutins en fuite.

7. Hommage, actions et décisions du Gouvernement

En raison de la gravité des faits, le Conseil des Ministres a :

observé une minute de silence en hommage aux victimes ;

exprimé son soutien aux blessés ;

instruit la poursuite des enquêtes afin d’identifier tous les auteurs et commanditaires ;

ordonné l’évaluation des dégâts matériels, y compris ceux subis par les civils, en vue d’une éventuelle réparation.

Le Président de la République a remercié le peuple béninois pour son soutien, félicité l’Armée pour sa loyauté et instruit le Gouvernement d’apporter assistance aux familles des soldats tombés pour la patrie.

Il a également salué la solidarité des États membres de la CEDEAO, en particulier le Nigeria et la Côte d’Ivoire.

8. Message à la Nation

Le Chef de l’État a invité le Gouvernement et le peuple béninois à :

tirer les leçons de cette épreuve ;

continuer à bâtir un Bénin fort, résilient et attaché à la paix ;

veiller à ce que de tels événements ne se reproduisent plus.

Fait à Cotonou, le 8 décembre 2025
Le Secrétaire Général du Gouvernement

Edouard Ouin-Ouro

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