Par une lettre ouverte rendue publique ce 4 août 2025, le Creuset National des Aspirants et Instituteurs du Bénin (CNAI-Bénin) appelle le président Patrice Talon à tenir son engagement en faveur du reversement des AME en agents contractuels. L’organisation, affiliée à la CSA-Bénin, plaide pour une reconnaissance statutaire de milliers de jeunes enseignants ayant assuré la continuité éducative dans des conditions souvent précaires depuis 2019.
Depuis la mise en place, en 2019, du programme de pré-insertion professionnelle dans le secteur éducatif, les Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) sont devenus un maillon essentiel du système éducatif béninois. Recrutés pour combler le déficit d’enseignants dans les écoles maternelles, primaires et secondaires, ces diplômés assurent des fonctions d’enseignement sans bénéficier du statut d’agents contractuels de l’État. À travers sa déclaration du 4 août, le CNAI-Bénin interpelle le chef de l’État afin que cette promesse de reversement en Agents Contractuels de Droit Public de l’État (ACDPE) devienne enfin une réalité.
Une promesse attendue comme un tournant pour l’école béninoise
Avec respect mais fermeté, le CNAI-Bénin, structure syndicale affiliée à la CSA-Bénin, revient sur les apports du dispositif AME dans la réponse à la pénurie d’enseignants, l’amélioration des résultats scolaires et la stabilité du système éducatif. Il salue les mesures déjà prises par le gouvernement pour améliorer les conditions de vie et de travail des AME. Cependant, il estime que ces efforts doivent aujourd’hui se traduire par une reconnaissance statutaire et durable de ces enseignants.
« Faut-il à nouveau souligner que les AME ont assuré, avec fierté, rigueur et professionnalisme, les fonctions d’enseignement, parfois sans moyens ni garanties, dans les zones les plus reculées du pays », fait remarquer la lettre signée par le secrétaire général du CNAI-Bénin, Liassou Assani. Pour le creuset, maintenir les AME dans leur situation actuelle constitue un facteur de démotivation et de précarisation, qui pourrait à terme nuire à la stabilité du système éducatif national. Le reversement est présenté comme une mesure « réparatrice et structurante » à même de renforcer la qualité de l’éducation au Bénin.
Dans sa missive, le CNAI-Bénin appelle au leadership personnel du président de la République pour dénouer ce dossier. L’organisation demande aussi qu’une audience officielle soit accordée à une délégation des AME au Palais de la Présidence, afin de clarifier les perspectives d’application de cette mesure. Pour les AME, qui assurent les cours dans de nombreuses écoles publiques depuis six ans, l’heure est venue d’un signal fort en guise de reconnaissance institutionnelle de leur engagement au service de l’école béninoise.
Dans cette dynamique, le CNAI-Bénin espère que le chef de l’État confirmera par des actes concrets l’engagement pris en faveur du reversement. Car, au-delà de l’enjeu salarial ou statutaire, c’est un pacte de confiance entre l’État et ses jeunes enseignants qui est en jeu. À l’approche d’une nouvelle rentrée scolaire, les AME attendent un geste politique à la hauteur de leurs sacrifices et de leur contribution à l’éducation nationale.
Victorin FASSINOU