Approche holistique au Bénin : Un espoir pour les survivants de Violences Basées sur le Genre

Le Bénin fait figure de pionnier en matière de lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) grâce à l’adoption d’une approche holistique novatrice. Ce modèle, qui centralise les services de soutien psychologique, social, médical, juridique et judiciaire sur un même site, simplifie le processus de prise en charge et réduit la souffrance des victimes. Une démarche structurante qui pourrait inspirer de nombreux pays de la sous-région.

Jusqu’à récemment, les victimes de VBG au Bénin devaient multiplier les démarches auprès de diverses institutions : commissariat, centre de santé, tribunal, et centres sociaux. Ce parcours fragmenté, exigeant de répéter plusieurs fois les récits traumatisants, décourageait bon nombre d’entre elles de poursuivre leurs démarches.

Pour répondre à ce défi, le gouvernement béninois a mis en place les Centres Intégrés de Prise en Charge des Victimes de VBG (CIPEC-VBG). Ces structures centralisées permettent aux victimes de bénéficier de tous les services nécessaires en un seul lieu sécurisé, réduisant considérablement la charge émotionnelle et psychologique liée au processus de prise en charge.

Les piliers de l’approche holistique

L’approche holistique repose sur cinq composantes essentielles : Soutien psychologique : Une aide pour surmonter les traumatismes. Prise en charge médicale : Des soins immédiats pour traiter les séquelles physiques des violences. Accompagnement social : Un soutien pour la réinsertion et la réhabilitation des victimes. Assistance juridique et judiciaire : Un appui pour garantir les droits des victimes et entamer des procédures judiciaires. Renforcement des capacités pour l’autonomisation : Une aide à la reconstruction personnelle et à l’indépendance financière. Selon Dr. Guy Bio Yérima, médecin coordonnateur du CIPEC-VBG de Cotonou, cette centralisation permet non seulement de réduire les abandons en cours de route, mais aussi d’offrir un accompagnement cohérent et gratuit, favorisant ainsi le rétablissement et l’autonomie des victimes.

Une collaboration pluridisciplinaire au service des victimes

Les CIPEC s’appuient sur des équipes pluridisciplinaires composées de médecins, psychologues, assistants sociaux et juristes. Ensemble, ils offrent une réponse coordonnée et complète, adaptée aux besoins spécifiques de chaque victime. Cette synergie entre les différentes professions garantit une prise en charge rapide et efficace, tout en plaçant les victimes au centre du processus.

Un cadre légal renforcé

Le Décret N°2012-228 du 13 août 2012, qui a institué la création des CIPEC, constitue le socle juridique de cette avancée. Ce texte met en place un cadre structurant visant à : Formaliser les missions des centres; Réduire les obstacles administratifs et logistiques et Favoriser une gestion centralisée et coordonnée des besoins des victimes. Cette législation innovante traduit la volonté du gouvernement béninois de fournir des solutions pérennes et adaptées pour lutter contre les VBG.
Malgré les avancées, des défis subsistent. À ce jour, seuls quelques CIPEC sont opérationnels dans les principales villes du pays. L’objectif de déployer ces centres dans tous les départements, comme prévu par le décret, nécessite davantage de ressources humaines, matérielles et financières. Pour garantir un accès équitable à ce dispositif, il est impératif de renforcer les moyens alloués aux CIPEC et d’étendre leur couverture sur tout le territoire.

Un modèle inspirant pour la sous-région

L’approche holistique adoptée par le Bénin se distingue comme un modèle exemplaire dans la lutte contre les violences basées sur le genre. En centralisant les services et en plaçant les victimes au cœur du processus, le pays offre des perspectives d’espoir à des milliers de survivants.

Cette initiative, saluée par des organisations comme l’Alliance Droits et Santé (ADS) et l’Institut National de la Femme (INF), pourrait inspirer d’autres pays à adopter des réponses multisectorielles et coordonnées pour combattre les VBG.

Le Bénin montre ainsi qu’avec une volonté politique affirmée et une approche centrée sur les droits humains, il est possible de faire un pas de géant vers une société plus juste et protectrice pour les survivants de violences.

Victorin FASSINOU

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