L’Association Kulturforum Süd-Nord a organisé, le samedi 16 mars 2024, une séance de discussion pour amener les jeunes artistes photographes à avoir leur langage visuel autonome. Dans la cour de la bibliothèque d’art de l’association à Togbin, l’initiative appréciée de tous, a connu la présence des universitaires en histoire de l’art, des artistes confirmés en art photographique et des jeunes artistes du Bénin, du Burkina et d’ailleurs.
« Comment trouver son langage visuel autonome comme jeune artiste photographe ». Tel est le thème de cette séance de discussion et de partage d’expériences. En effet, aux dires du fondateur de l’Association Kulturforum Süd-Nord, Dr Stephan Köhler, généralement la plupart des artistes imitent des autres. Or, l’art peut être ou ne pas être beau mais, il doit avoir une instruction derrière. Il est donc important d’amener chaque jeune artiste photographe à trouver son langage visuel autonome et originel. Et pour y arriver, il faut les aider à susciter des réflexions sur leur démarche artistique qui détermine tout. L’Association voudrait à travers cet espace créer une plateforme de discussion ouverte et critique sur le travail des jeunes artistes. « L’objectif de la séance est d’amener les jeunes artistes à développer un œil critique sur leur création et amener leurs amis à jeter un regard critique sur leur travail pour améliorer la qualité et la cohérence de leurs œuvres », explique M. Köhler. Après cette séance, Kulturforfum entend soulever d’autres questions pertinentes. A cette séance, Georges Adéagbo, Eliane Aïsso et Ishola Akpo ont, tour à tour, eu à expliquer ce qu’est une image, une photo d’art et le processus qu’il faut suivre pour devenir un artiste sculpteur, peintre ou un artiste photographe confirmé ayant un langage visuel autonome et visuel. La photographie reste la base du travail de Ishola. Dans son travail, il questionne beaucoup d’autres médiums comme le textile, les installations, la sculpture, la poésie. Le sujet principal de Ishola est la femme ; le pouvoir de la femme. Il questionne l’identité, la mémoire, les archives. Dans cette discussion, Ishola Akpo a conseillé le jeune artiste photographe Franquin Dédji et d’autres jeunes artistes présents à être patients , d’aller à la source de leur histoire de leur vécu et d’aller dans leur famille et de faire sortir des petites histoires. Pour lui, c’est les petites histoires qui forment des grandes histoires. L’artiste a demandé au jeune artiste de se consacrer sur ce qu’il sait faire le mieux, la photographie, de la connaitre plus et d’écouter plus, de voir plus dans sa série. « Le spectateur a faim. Quand il vient devant une œuvre, il a envie de rentrer dans l’œuvre pour écouter. », a-t-il fait savoir. Pour l’artiste Eliane Aisso le langage visuel de l’artiste doit être un truc personnel des recherches faites par l’artiste. « Quand cela vient de l’artiste, c’est plus touchant, c’est plus fort, l’artiste pourra mieux s’exprimer. Quand je parle de mon vécu de ma culture, j’essaie d’harmoniser de travailler avec d’autres cultures qui ont trait à ma culture. C’est toujours important d’aller faire des recherches. », a fait savoir Eliane. S’inscrivant dans la même logique que Eliane et Ishola, Georges Adéagbo souligne que le travail de l’artiste dépend de la demande de l’offre. Une photo doit parler. « Le visiteur qui vient voir la photo doit tirer de la photo, une instruction. Une œuvre d’art a sa valeur dans l’instruction qu’elle détienne. Toute œuvre d’art qui n’est pas instruction n’est pas une œuvre d’art parce que le monde d’aujourd’hui est dans l’instruction pour suivre. », a-t-il ajouté. Cette discussion a été très instructive et a donné l’occasion de partage d’expériences entre les ainés artistes et les jeunes saluent l’artiste franco-béninoise Nella Aguessy et l’artiste Burkinabé Soum Eveline Bonkoungou. « Cette séance, je remercie l’Association Kulturforum de l’avoir organisée. Elle est venue comme un stimulant qui m’oblige à travailler plus dur pour plus de bons résultats et à bien construire ma carrière », reconnait le jeune artiste photographe Franquin Dedji en exposition à la Bibliothèque d’art de Kulturforum depuis le 22 février et jusqu’au 24 mars 2024. Cette discussion ne sera pas la dernière, renseignent les organisateurs. « Après cette séance, Kulturforum va soulever d’autres questions pertinentes…», rassure Stephan Köhler.
Victorin FASSINOU