Dans une déclaration conjointe, les principales confédérations et centrales syndicales du Bénin expriment leurs préoccupations concernant le code électoral en vigueur. Elles appellent à une réforme inclusive et à un dialogue pacifique pour assurer des élections générales transparentes et apaisées en 2026.
Le Bénin se trouve à un carrefour crucial à l’aube des élections générales de 2026. Alors que le pays a connu des réformes majeures depuis 2016 sous la direction du président Patrice Talon, de nombreux acteurs sociaux et politiques s’inquiètent de l’état actuel du cadre législatif, en particulier du code électoral. Ce texte, qui régira les prochaines élections, est aujourd’hui au centre d’un débat passionné qui divise la société béninoise.
Dans une déclaration publiée le 11 décembre 2024, les principales confédérations et centrales syndicales du pays – la CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB – ont exprimé leur inquiétude quant aux impacts négatifs de ce code sur les travailleurs et les populations en général. Selon ces organisations, les réformes mises en place depuis 2016 ont eu des effets mitigés, exacerbant notamment la pauvreté et la précarité des citoyens, notamment en milieu rural où plus de 40 % des ménages vivent dans la pauvreté (source : INSTAD 2023).
Les syndicats dénoncent également la menace que représente l’actuel code électoral pour le processus démocratique du pays. Ils estiment que ce cadre législatif risque d’installer une situation de chaos et d’impasse en 2026 si des mesures correctives ne sont pas prises. Selon eux, la situation actuelle semble présager un scénario « Waxala », où les tensions politiques et sociales seraient exacerbées, compromettant ainsi la paix et la stabilité du pays.
Les syndicats appellent donc à un dialogue inclusif et pacifique. Ils insistent sur la nécessité d’un comportement responsable de tous les acteurs politiques pour éviter toute perturbation de la paix sociale. Dans leur déclaration, ils rappellent que la paix est essentielle pour la construction d’une nation moderne et prospère, et qu’aucun progrès social n’est possible sans un dialogue fructueux et inclusif.
Les confédérations syndicales soulignent aussi que le consensus, acquis lors de la Conférence des Forces Vives de la Nation en février 1990, doit rester un principe fondamental de la gouvernance. Une démocratie ne peut être riche et porteuse d’épanouissement que si elle est participative et inclusive, affirment-elles. Elles appellent ainsi à un cadre électoral qui garantisse la pleine expression de la souveraineté du peuple et qui préserve la paix.
Les syndicats exigent également que le débat autour du code électoral soit largement inclusif, impliquant toutes les parties prenantes, et que le gouvernement fournisse les ressources nécessaires pour garantir le succès des discussions sur la liste électorale et le code électoral. Elles appellent les institutions de la République, en particulier le Président de la République, l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle, à puiser dans la sagesse républicaine pour éviter les risques de perturbation de la stabilité du pays.
Enfin, les syndicats invitent les partenaires bilatéraux et multilatéraux du Bénin à soutenir ce dialogue politique et sociétal crucial. Ils rappellent que le pays appartient à tous les Béninois et que les ambitions personnelles des acteurs politiques ne doivent pas mettre en péril l’unité et la prospérité de la nation.
Pour des élections générales apaisées en 2026
Les confédérations et centrales syndicales concluent leur déclaration en appelant à un engagement ferme de tous les acteurs politiques pour garantir que les élections générales de 2026 se déroulent dans un climat de paix et de festivités, répondant ainsi aux attentes du peuple béninois. Les syndicats réaffirment leur détermination à œuvrer pour une démocratie véritable et une nation unie et prospère.
DÉCLARATION DE POSITION DES CONFÉDÉRATIONS ET CENTRALES SYNDICALES DU BÉNIN SUR LE CODE ÉLECTORAL DANS LA PERSPECTIVE DES ÉLECTIONS GÉNÉRALES DE 2026
Depuis 2016, et sous l’impulsion du Gouvernement du Président Patrice TALON, notre pays, le Bénin, a connu une série de réformes dans divers domaines. Ces réformes, qui ont connu diverses fortunes, ont eu des impacts mitigés et parfois controversés, en particulier sur les travailleurs dont le pouvoir d’achat s’est érodé, ainsi que sur les populations qui peinent à satisfaire leurs besoins fondamentaux. La pauvreté, sans pitié, a frappé de nombreux ménages, passant, en huit (08) ans, à plus de 40 % en milieu rural (source : INSTAD 2023).
Ces derniers mois, certaines de ces réformes, notamment celles qui touchent à la participation des citoyens à la vie politique, à l’engagement partisan et à la souveraineté du peuple dans l’expression de son libre choix pour l’évolution du pouvoir dans un régime démocratique, font l’objet de débats passionnés. Les conclusions de ces débats sont unanimes : si le Bénin devait organiser les élections générales de 2026 dans l’état actuel du cadre législatif, une impasse et un chaos seraient inévitables.
En effet, qu’il s’agisse d’experts en matière électorale, de politologues, d’acteurs partisans ou non, de juristes spécialisés ou non, d’autorités religieuses ou d’acteurs de la société civile, le verdict est clair : une aventure électorale avec l’actuel code électoral semble vouée à l’échec. Manifestement, notre pays semble se rapprocher du scénario « Waxala » décrit dans le document stratégique de développement Bénin, perspectives 2025.
Cette situation, qui amplifie les inquiétudes et entretient le désarroi parmi les travailleurs et les populations, devrait interpeller toutes les organisations sociales éprises de paix, de liberté et de démocratie. Les travailleurs, étant les premières victimes de tout schéma de type « Waxala », se sentent dans le devoir patriotique d’interpeller les acteurs politiques à travers la déclaration suivante :
Tout en comprenant l’effervescence et la polémique en cours autour du code électoral, texte majeur régissant les prochaines élections, les travailleurs insistent sur la nécessité de comportements responsables pour éviter toute perturbation de la paix et de la quiétude des populations.
La paix est indispensable à l’édification d’une nation moderne et prospère.
Aucun progrès social n’est possible sans un dialogue fécond et inclusif.
Le consensus a acquis une valeur constitutionnelle dans la gouvernance de notre pays depuis la Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990.
Une démocratie est riche, réelle et porteuse d’épanouissement lorsqu’elle est participative et inclusive.
En toute circonstance, la pleine expression de la souveraineté du peuple est l’essence même de la démocratie. Il est urgent de prévenir toute violence électorale.
La CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB :
Condamnent et rejettent tout excès, quelle qu’en soit l’origine, dans le débat sur le code électoral.
Demandent à toutes les institutions de la République, notamment le Président de la République, l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle, de puiser dans la sagesse républicaine les ressources nécessaires pour donner toutes les chances de succès aux discussions en cours sur la liste électorale en particulier et le code électoral en général.
Exigent du gouvernement de rendre largement inclusif le débat sur le code électoral avec toutes les parties prenantes afin de prévenir toute source de perturbation de la paix, de la stabilité et d’une démocratie digne de ce nom.
Appellent tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux, techniques, financiers ou politiques de notre pays, à offrir, comme d’habitude, leur accompagnement, leur expertise et leur médiation pour une pacification réelle du dialogue politique et sociétal nécessaire.
Rappellent aux acteurs politiques que le pays appartient à tous les Béninois et qu’ils ne doivent pas, avec leurs ambitions personnelles, mettre en péril la garantie d’une nation unie et prospère.
Invitent par conséquent tous les acteurs béninois de premier plan à se montrer à la hauteur des enjeux pour garantir que les élections générales de 2026 soient festives et dignes des attentes du peuple.
Vive la Démocratie !
Vive le Bénin !
Fait à Cotonou, le 11 décembre 2024.
Ont signé :
Le Secrétaire Général de la CSA-Bénin, Anselme AMOUSSOU
Le Secrétaire Général de la CGTB, Moudassirou BACHABI
Le Secrétaire Général de l’UNSTB, Appolinaire AFFEWE