Entretien avec la présidente de l’UPMB Zakiath Latoundji sur le rôle des médias dans la lutte contre les VBG ; « Notre plume, notre micro, notre caméra peuvent sauver des vies…Soyons les gardiens de la dignité humaine… Le combat contre les VBG est aussi le nôtre… »

Face à l’ampleur des violences basées sur le genre (VBG) au Bénin, la présidente de l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB), Zakiath Latoundji, plaide pour un engagement fort et structurant des journalistes. Dans cet entretien empreint de lucidité et de détermination, elle revient sur les failles du traitement médiatique actuel, souligne l’urgence de renforcer la formation et l’éthique, et appelle ses confrères à faire front commun pour ériger les médias en véritables remparts contre les injustices subies par les femmes et les filles. « Notre plume, notre micro, notre caméra peuvent sauver des vies ou les briser », rappelle-t-elle, en invitant à une mobilisation collective, responsable et humaine.

Comment appréciez-vous aujourd’hui l’implication des médias béninois, en particulier les médias locaux, dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) ?

L’implication des médias béninois dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) est progressive, mais encore timide.
Certains médias, notamment locaux, font preuve d’engagement à travers des reportages, des émissions et des témoignages, mais cela reste insuffisant au regard de l’ampleur du phénomène. Le sujet est souvent abordé de manière ponctuelle, en lien avec l’actualité, au lieu d’être traité comme une problématique sociale structurelle nécessitant un suivi régulier et un traitement approfondi.

En quoi l’éveil des consciences à travers les médias peut-il contribuer efficacement à l’éradication des VBG dans nos communautés ?

Les médias ont un pouvoir transformateur immense. En éveillant les consciences, ils brisent les silences, déconstruisent les stéréotypes et changent les mentalités. Lorsqu’un média informe de manière juste, sensibilise avec empathie et donne la parole aux victimes comme aux experts, il devient un levier de justice sociale. Plus les citoyens comprennent leurs droits et les mécanismes de protection existants, plus ils sont outillés pour prévenir, dénoncer et rejeter les VBG.

Quelles erreurs ou insuffisances observez-vous dans le traitement médiatique actuel des VBG, notamment en matière d’éthique et de protection des victimes ?

Plusieurs insuffisances demeurent. Il y a d’abord un manque de formation spécifique des journalistes sur les enjeux des VBG. Cela conduit parfois à une couverture sensationnaliste, ou encore à la diffusion d’éléments susceptibles de les exposer davantage.
L’éthique journalistique doit primer : protéger la dignité humaine, respecter le traumatisme des survivantes et éviter tout propos culpabilisant ou stigmatisant. Le respect du secret, du consentement et de la terminologie est essentiel.

L’UPMB prévoit-elle des actions concrètes (formations, campagnes, partenariats) pour renforcer la mobilisation des journalistes sur cette problématique ?

Oui, l’UPMB est pleinement consciente de la responsabilité sociale des journalistes. Nous avons d’ores et déjà inscrit dans notre plan d’action des formations spécialisées sur la couverture éthique des VBG. En collaboration avec des ONG et des institutions partenaires, plusieurs formations se sont déjà déroulées.

Quel appel souhaitez-vous lancer à l’endroit des professionnels des médias pour un engagement collectif et responsable contre les VBG au Bénin ?

Je lance un appel à l’union, à la responsabilité et à la conscience professionnelle. Chers confrères et consœurs, notre plume, notre micro, notre caméra peuvent sauver des vies ou les briser.
Soyons les gardiens de la dignité humaine. Engageons-nous à former nos équipes, à dénoncer avec courage, à sensibiliser avec rigueur et à être des relais crédibles pour les victimes.
Le combat contre les VBG est aussi le nôtre. Agissons, ensemble, avec humanité et professionnalisme.

Réalisé avec Victorin FASSINOU
Avec le soutien de CeRADIS-ONG, membre de l’Alliance Droits et Santé

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