À la veille du vernissage du 5 décembre à la Galerie Zato, à Cotonou, Chéria Essieke-Bayer dévoile les enjeux de l’exposition Héritage. Mémoire en mouvement, présentée du 5 décembre 2025 au 17 janvier 2026. Entre restitution, identité et mémoire, la commissaire revient sur un projet personnel et ambitieux qui interroge le passé pour mieux éclairer l’avenir. Pour elle, interroger l’héritage immatériel, c’est aussi penser notre avenir.
Pouvez-vous vous présenter et présenter l’exposition ?
Je suis Chéria Essieke-Bayer, commissaire de l’exposition Héritage. Mémoire en mouvement. Elle ouvre demain à 19 heures à la Galerie Zato et se tient du 5 décembre 2025 au 17 janvier 2026. Nous avons choisi d’organiser le vernissage sur invitation afin de permettre au public de découvrir l’exposition dans des conditions plus calmes et plus propices à la visite.
Pourquoi ce choix d’un vernissage sur invitation ?
Très souvent, un vernissage ouvert attire énormément de visiteurs le premier soir, puis l’intérêt retombe rapidement. Nous avons voulu installer une autre dynamique, encourager le public à revenir, à prendre le temps d’explorer l’exposition avec attention.
Quel lien personnel entretenez-vous avec cette exposition ?
Cette exposition est très importante pour moi. J’ai grandi au Bénin : j’y suis arrivée à neuf ans et j’en suis repartie à dix-neuf ans. J’y ai effectué toute ma scolarité. Revenir aujourd’hui pour porter ce projet représente pour moi un véritable processus de guérison et de ré-immersion.
Quels artistes présentez-vous et que proposent-ils ?
Nous accueillons deux artistes d’une grande singularité : Nuits Balnéaires et Tobi Onabolu. Leur œuvre est très poétique et questionne en profondeur l’histoire, la société et la mémoire. Chacun apporte un regard unique, mais leurs démarches se rencontrent harmonieusement dans l’exposition.
Pourquoi avoir choisi le titre “Héritage. Mémoire en mouvement” ?
Nous avons voulu interroger l’héritage dans toutes ses dimensions : l’héritage matériel, mais aussi l’héritage immatériel. Aujourd’hui, on parle beaucoup de restitution et de réparation historique. Le Bénin a d’ailleurs été l’un des premiers pays d’Afrique francophone à recevoir des œuvres restituées par la France. Mais on évoque surtout le matériel. J’ai voulu questionner ce qui reste de manière invisible : ce qui continue de nous habiter, ce qui façonne notre quotidien sans se voir.
Que signifie pour vous l’expression “Restitution… et après ?” ?
Il est essentiel de penser à l’avenir. Oui, nous voulons le retour de nos œuvres, mais que faisons-nous une fois qu’elles reviennent ? Comment les réintégrer dans notre environnement culturel ? Comment accompagner les jeunes générations qui cherchent leurs identités ?
Le projet ouvre cette réflexion : que faisons-nous après la restitution ?
Depuis quand travaillez-vous sur ce projet ?
Le projet Restitution et après a démarré l’année dernière en Allemagne, en partenariat avec l’Institut français de Mayence. L’exposition présentée à Cotonou est la première étape de ce projet itinérant, qui a vocation à voyager dans d’autres pays et d’autres villes.Nous travaillons spécifiquement sur l’exposition du Bénin depuis un an.
Quel message souhaitez-vous adresser au public ?
L’entrée est gratuite. J’invite tout le monde à venir découvrir l’exposition à la Galerie Zato. Nous vous y attendons chaleureusement.
Réalisé par Victorin Fassinou

