La commune de Cobly a accueilli, le 25 avril 2025, la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme (JMP). Cet événement a mis en lumière les efforts conjoints du gouvernement béninois et de l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) dans la lutte contre cette maladie, à travers des actions concrètes menées sur le terrain. Elle a également permis à l’ensemble des acteurs impliqués de réaffirmer leur engagement pour atteindre l’objectif d’un Atacora sans paludisme.

Placée sous le thème « Réinvestir, réimaginer et raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme », l’édition 2025 a résonné comme un appel renouvelé à l’engagement collectif. Tour à tour, les orateurs ont rappelé l’urgence d’agir face à cette maladie qui continue de faire des ravages, notamment chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.
Une réponse structurée portée par MSF
Depuis 2023, Médecins Sans Frontières (MSF) est devenu un acteur majeur de la riposte contre le paludisme dans les communes de Cobly, Matéri et Tanguiéta. En synergie avec la Direction départementale de la santé, l’ONG a mis en place un dispositif de prise en charge gratuite ciblant les populations les plus vulnérables.
Songoufolo Tuo, coordinateur de MSF dans l’Atacora, a partagé des résultats concrets : plus de 15 000 enfants de moins de cinq ans et plus de 1 000 femmes enceintes ont bénéficié d’un accès gratuit aux soins contre le paludisme. À cela s’ajoutent la formation de 77 professionnels de santé, la réhabilitation d’infrastructures sanitaires, la dotation en équipements médicaux et la sensibilisation communautaire.


« Le paludisme reste une réalité quotidienne pour des milliers de familles. Notre rôle est d’appuyer le système de santé afin de renforcer la résilience des communautés face à cette menace persistante », a-t-il souligné.
Le Directeur départemental de la santé, Dr Doumitou Moutouama, a rappelé que le paludisme représente encore 40 % des consultations médicales dans les formations sanitaires du département. Il a insisté sur les moyens de prévention, notamment l’utilisation systématique des moustiquaires imprégnées et l’adoption de la chimioprophylaxie saisonnière dans les zones les plus touchées. « La lutte contre le paludisme n’est pas uniquement l’affaire du secteur de la santé. Elle doit aussi mobiliser les communautés, les leaders locaux et chaque ménage autour de pratiques simples mais efficaces », a-t-il plaidé.
La prévention, une responsabilité partagée
Dans une prise de parole empreinte d’empathie, Dr Mohamed Bawa Cissé, représentant le préfet de l’Atacora, a rappelé que la victoire contre le paludisme repose sur l’engagement de tous. Selon lui, les interventions des partenaires techniques, aussi déterminantes soient-elles, ne sauraient produire des résultats durables sans l’adhésion pleine et entière des populations.
Il a ainsi appelé les chefs coutumiers, les leaders religieux, les enseignants et les parents à devenir les ambassadeurs d’une nouvelle culture de prévention. « Tant que chaque habitant ne prendra pas conscience que le paludisme se combat d’abord à domicile, nous continuerons à enregistrer des pertes évitables », a-t-il averti.
Une mobilisation saluée par le PNLP
Viviane Kpera, représentante du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), a quant à elle salué la dynamique observée dans l’Atacora. Elle a particulièrement souligné la complémentarité entre les efforts institutionnels et les initiatives communautaires soutenues par MSF.
« Le médicament du pauvre, c’est la prévention », a-t-elle lancé, reprenant une formule pleine de sens dans le contexte béninois. Elle a exhorté les populations à ne pas relâcher leur vigilance et à continuer de consulter rapidement les centres de santé dès l’apparition des premiers symptômes.
Les résultats satisfaisants
À son tour, Dr Charles Tolno, responsable médical de projet MSF dans l’Atacora, a mis en avant les résultats significatifs obtenus par l’ONG dans la lutte contre le paludisme dans la région. Il a notamment rappelé qu’en 2024, plus de 12 000 enfants de moins de cinq ans et plus de 1 000 femmes enceintes ont bénéficié d’une prise en charge gratuite. MSF a investi dans l’amélioration des infrastructures sanitaires, la formation de professionnels de santé et le soutien aux urgences médicales, avec des résultats marquants dans plusieurs centres de santé. Dr Tolno a insisté sur l’importance de l’engagement communautaire dans la lutte contre le paludisme. Selon lui, la participation active des habitants, dès les premiers signes de la maladie, est essentielle pour garantir l’efficacité et la durabilité des actions entreprises. Il a également exprimé la gratitude de MSF envers les autorités locales et les communautés pour leur collaboration dans ce combat. MSF reste déterminé à poursuivre ses efforts, en partenariat avec le gouvernement béninois et les autres acteurs locaux, pour éradiquer cette maladie et construire un avenir plus sain pour les populations de l’Atacora.

MSF renforce l’accès aux soins dans l’Atacora : des actions concrètes à Matéri, Tanguiéta, Cobly et Pétinga
Dans l’Atacora, Médecins Sans Frontières (MSF) multiplie les initiatives dans les communes de Matéri, Tanguiéta, Cobly et Pétinga pour renforcer l’accès aux soins, notamment dans la lutte contre le paludisme et la malnutrition. À Matéri, MSF a doté le centre de santé d’une buanderie, de salles de tri, de toilettes séparées, d’un château d’eau et de lampadaires solaires. Du matériel médical, des protocoles de soins et des équipements ont été remis. Des infirmiers et agents d’entretien ont été recrutés pour répondre à l’augmentation de la fréquentation. La gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes a permis une fréquentation plus précoce.
À Cobly, la rénovation du centre de santé a été accompagnée par la réfection de plusieurs compartiments, la climatisation du laboratoire et l’installation de matériel de transfusion sanguine. Des toilettes, des douches, des points d’eau et une zone de gestion des déchets biomédicaux ont été aménagés. Le recrutement d’un médecin, d’une infirmière et d’une aide-soignante va renforcer les effectifs.

À Dassari, de nouvelles installations ont vu le jour, notamment une buanderie, une salle de tri, des toilettes et une zone de traitement des déchets. Le personnel a été renforcé avec le recrutement d’un médecin, d’une infirmière et d’une aide-soignante.

À Pétinga, MSF a construit et rénové des installations pour améliorer l’accès à l’eau potable et assurer une bonne hygiène. Des dispositifs de lavage des mains, des toilettes et une buanderie ont été mis en place, et du personnel supplémentaire va être recruté. Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes bénéficient d’une prise en charge gratuite pour le paludisme et la malnutrition.

Dans toutes ces localités, MSF assure la référence gratuite des cas graves de paludisme vers l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Tanguiéta, garantissant un accès rapide aux soins spécialisés.
Témoignages sur l’impact de Médecins Sans Frontières (MSF)
À Dassari, Alain Aglin, infirmier-chef de poste du centre de santé, affirme que « le projet MSF nous a véritablement sauvés face au paludisme », première cause de mortalité dans la région. Grâce à l’appui de MSF, soins, médicaments et hospitalisations sont entièrement gratuits pour les enfants et les femmes enceintes.
À Matéri, Evariste Bogninou, infirmier-chef de poste, observe également une amélioration notable : « La gratuité des soins incite les familles à venir plus tôt, ce qui diminue la gravité des cas et sauve des vies ». À Cobly, Poumoute Kouessopa Botakama, infirmier, salue « un appui qui a boosté nos capacités », évoquant notamment la rénovation du centre et l’installation d’équipements modernes.
Sur le terrain, les bénéficiaires et soignants saluent l’impact positif du projet. Bedari Maimouna de Dassari témoigne : « Mon enfant souffrait de paludisme. Après un transfert à l’hôpital de Tanguiéta organisé par MSF, il a retrouvé sa parfaite santé ». Kiatti Monique affirme : « Après quatre jours de traitement gratuit au centre de Dassari, mon enfant est totalement guéri ». À Matéri, Sahoungou Assiba exprime également sa gratitude : « Mon enfant de trois ans a été pris en charge sans que je n’aie rien payé ».
Les relais communautaires renforcent l’impact en orientant les patients vers les centres, contribuant à une prise en charge rapide et efficace. À travers ces témoignages et réalisations concrètes, MSF transforme durablement le quotidien sanitaire de ces communes frontalières, où le paludisme reste un enjeu majeur.
Victorin FASSINOU