Le Centre culturel Kulturforum Süd-Nord, situé à Togbin Plage, a organisé le samedi 28 décembre 2024 une cérémonie exceptionnelle marquant la fin de résidence de la talentueuse artiste béninoise Iriko Doko et le début du séjour du jeune plasticien Moubarack Seïdou. Ceci à travers l’exposition « Le Relais ». Cet événement a offert un moment de partage artistique entre l’art de la scène et l’art plastique.
Des œuvres d’art plastique de qualité de l’artiste plasticien Moubarack Seïdou et la performance de plus d’une heure de l’artiste slameuse Iriko Doko. Le public a simplement vu du beau le samedi dernier au Centre culturel Kulturforum Süd-Nord situé à Togbin Plage à travers ce projet artistique « Le Relais ». En effet, Iriko Doko, artiste slameuse, comédienne et actrice, a conclu sa résidence au Centre Kulturforum avec une performance poignante intitulée « Sé! » (Écoute). À travers cette œuvre, Iriko a donné vie aux émotions des marginalisés, mettant en lumière les injustices sociales et les tabous de la société. Son art, ancré dans les traditions oratoires, dénonce avec une rare intensité les violences subies par ceux qui n’ont pas de voix. Sa performance, où sa voix, son corps et son énergie se sont conjugués, a captivé le public présent. Les spectateurs ont été transportés dans un tourbillon d’émotions, entre poésie engagée et force dramatique. Iriko a une fois de plus confirmé sa capacité à toucher le cœur et l’esprit, incarnant son engagement pour un monde plus juste et inclusif. En 1 h 20 min environ, l’artiste a fait voyager le public qui a effectué le déplacement dans ce centre. Ceci à travers l’humour, les mots touchants rappelant un fait de société poignant et dont la femme est souvent victime.
Depuis deux mois, l’artiste plasticien Moubarack réside à la bibliothèque du Kulturforum. Ce séjour, axé sur la recherche et la création, lui a permis d’enrichir ses connaissances et de développer ses projets artistiques. Moubarack Seïdou a inauguré sa résidence avec une exposition de trois peintures et quatre dessins, témoignant de son exploration artistique autour de « l’art de la féminité mystérieuse ». Dans cette exposition « Relais », il développe le thème « Recherche ». Autrefois autodidacte, Moubarack est actuellement étudiant en master à l’INMAAC-UAC. Né à Allada, il puise son inspiration dans les mythes ancestraux, la spiritualité et les récits de son enfance. Ses œuvres, telles que « Fertilité » et « Tourbillon de la femme », célèbrent la femme en tant que pilier de l’humanité et de la société. À travers ses techniques variées – peinture, collage et sculpture – Moubarack traduit l’interconnexion entre l’humain, la nature et le divin. L’artiste se démarque par l’utilisation audacieuse des couleurs et des matériaux, mêlant symbolisme et abstraction. Des témoignages de visiteurs qui ont pu voir les œuvres de Moubarack à cette exposition « Le Relais », la résidence de l’artiste s’annonce prometteuse, avec des créations qui ne manqueront pas d’interroger et de fasciner. Au cours de cette cérémonie, il y a eu des conversations entre les artistes, les curateurs Dr. David Gnonhouévi et Dr. Stephan Köhler, et le public. Ces échanges ont permis d’approfondir les réflexions sur les thématiques abordées par Iriko et Moubarack, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour l’art et la société.
Une initiative qui crée un dialogue entre les artistes et le public
Dr. David Gnonhouévi, co-curateur de l’exposition « Relais », explique : « Le relais artistique incarne une continuité dans la mission du Centre : promouvoir la jeune création tout en renforçant le lien entre art et communauté. Il est un passage de témoin artistique. À la fin de sa résidence, la slameuse Iriko transmet symboliquement le flambeau à Seïdou Moubarack, artiste plasticien, pour qu’il poursuive son exploration créative. L’exposition, conçue comme un espace de dialogue, met en lumière leurs univers respectifs et invite le public local à découvrir l’art sous ses multiples facettes. » L’exposition crée un espace de dialogue entre les artistes et le public, notamment les habitants du quartier de Togbin. Ce quartier abrite le seul espace artistique et culturel de la région, un lieu qui promeut les talents locaux et offre un cadre propice au développement artistique. L’exposition permet ainsi de sensibiliser le public à l’art et à la culture, tout en renforçant les échanges entre les artistes et la communauté locale.
Kulturforum Süd-Nord, une chance pour l’art et la jeunesse
Organisé par le centre Kulturforum Süd-Nord, cet événement illustre parfaitement la mission de cette organisation : promouvoir les échanges culturels entre l’Afrique et l’Europe. Entouré de nature et équipé d’une bibliothèque d’art, d’un espace d’exposition et d’un espace pour la scène vivante, ce centre accompagne les artistes à atteindre la perfection de qualité. L’Association, basée à Hambourg et active au Bénin (depuis 2008), offre aux artistes un espace d’expression et de collaboration, tout en déconstruisant les stéréotypes et en valorisant la diversité culturelle.
Stephan Köhler, co-curateur de l’exposition « Le Relais », est revenu sur les initiatives de Kulturforum. À l’entendre, Kulturforum a développé des initiatives phares, telles que des résidences artistiques, des projets éducatifs et des actions durables autour de la préservation du patrimoine. Avec des projets comme « La Route des Pêches a besoin de toi », l’association ne se contente pas de soutenir les artistes, mais participe activement au développement culturel et écologique du Bénin. Stephan Köhler conclut : « Nous aspirons à faire du Kulturforum un espace culturel encore plus accessible, où création et échanges se rencontrent pour enrichir les perspectives des visiteurs de proche et de loin. Pour donner un espace aux artistes et visiteurs de discuter à travers les arts des thèmes pas seulement tabou au Bénin. »
Témoignages de Moubarack et d’Iriko…
Une résidence au Centre Kulturforum Süd-Nord est toujours bénéfique pour les artistes. Le séjour de Moubarack, axé sur la recherche et la création, lui a permis d’enrichir ses connaissances et de développer ses projets artistiques. « J’ai consulté de nombreux ouvrages sur la sculpture et l’histoire de l’art, et j’ai travaillé sur des croquis inspirés de mes lectures. Je prépare également un concept de sculpture sur bois que je souhaite finaliser avant la fin de ma résidence », a-t-il confié. L’artiste a également bénéficié d’échanges enrichissants avec des figures reconnues comme l’international Georges Adéagbo, ainsi qu’avec Iriko, une résidente spécialisée dans les arts de la scène. Ces interactions lui ont permis de croiser les disciplines tout en renforçant sa vision de l’art plastique. Après cette résidence, Moubarack ambitionne de produire des œuvres « extraordinaires » tout en poursuivant ses recherches. Il s’inscrit dans la dynamique du projet « Le Relais », symbolisant la transmission et la continuité dans le processus créatif. Iriko Doko, artiste slameuse et dramaturge, a passé six mois en résidence au Centre Kulturforum Süd-Nord à Togbin. Ce séjour lui a permis de se recentrer dans la solitude, une source d’inspiration pour explorer des thématiques sociales sensibles, telles que la dépression, les violences et les tabous. « La solitude me pousse à écouter les murmures de l’univers, à transcrire ces messages en écriture. Cette résidence m’a permis de questionner ma vie, de travailler sur mes idées et d’écrire des pièces que je porte aujourd’hui à des appels à projets. Mon séjour au Centre Kulturforum m’a permis d’écrire pas mal de textes avec lesquels je postule à des projets d’appel à candidature », confie-t-elle. Prochaine étape pour Iriko : une résidence en janvier dédiée à l’écriture théâtrale sur l’environnement, poursuivant ainsi sa quête de création et d’engagement artistique. L’exposition des œuvres de Moubarack Seïdou se poursuivra jusqu’au 2 février 2025, sur rendez-vous via WhatsApp : +229 9463 3595 et E-mail : info@kulturforumsuednord.org. Pour le Kulturforum Süd-Nord, cette nouvelle résidence artistique marque une étape supplémentaire dans son engagement pour un dialogue culturel riche et inspirant.
Victorin FASSINOU