À Hêvié, où s’est tenue le 21 juin 2025 la première édition des retrouvailles des ethnies Yoruba Anago, l’Association Ishokan a rassemblé autorités royales, leaders communautaires et citoyens engagés. Une célébration culturelle et spirituelle qui réaffirme leur identité partagée et appelle à l’unité nationale comme à l’ouverture sur le monde.
À Hêvié, la ferveur culturelle était au rendez-vous. Sur fond de danses, de discours symboliques et de chants de retrouvailles, la première édition de la fête « Odùn Odùdùwà », organisée par l’Association Ishokan des Yoruba Anago, a tenu toutes ses promesses. Dans un esprit de fraternité et de mémoire collective, cette rencontre a été bien plus qu’un simple événement festif : elle a cristallisé un projet identitaire porteur d’avenir. L’Imam Taoufique Tidjani, président d’Ishokan Omo Yoruba de Calavi, a ouvert la série des prises de parole avec un message profondément ancré dans les valeurs de transmission et de cohésion. Saluant l’initiative de la cellule de Hêvié, il a souligné l’importance de cette dynamique de rassemblement, fruit d’un travail de fond entamé il y a un an sous l’impulsion du professeur John Ogoushola Igue. « Cette fête n’est pas une célébration ordinaire. C’est un moment unique qui honore l’ensemble des Ishokan Omo Yoruba du Bénin et de la diaspora », a-t-il insisté. L’Imam a invité les autres localités à suivre l’exemple de Hêvié, tout en réaffirmant l’objectif fondateur de l’association : valoriser la langue, la culture et l’histoire commune du peuple Yoruba Anago. Au-delà des réjouissances, il a rappelé la vocation profonde de ce rassemblement : penser un futur collectif, enraciné dans une mémoire partagée.
Unité retrouvée et regard vers l’avenir
L’émotion était palpable lorsque Sa Majesté Bada Aganna Erin IV, deuxième vice-président du Bureau exécutif national de l’association, s’est exprimé devant les siens. Dans un discours à la fois solennel et fraternel, le souverain a salué ce qu’il considère comme une « reconnexion historique entre frères de même lignée ». Rappelant que les Yoruba du Bénin descendent d’un même ancêtre établi à Ilé-Ifè, il a appelé à raviver les liens entre toutes les branches de cette grande famille. « Seul un peuple uni est un peuple grand », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de multiplier ces rendez-vous dans les différents arrondissements du pays. Pour lui, la grandeur ne se bâtit que dans l’unité, la mémoire et la fierté des origines. Tout en recevant une attestation de reconnaissance, Sa Majesté a réitéré son engagement à œuvrer pour un rassemblement de tous les Yoruba du Bénin et de la diaspora. « Tant qu’on vit, on espère. Et l’espérance ne trompe pas », a-t-il conclu. Le professeur John Ogoushola Igue, président général de l’Association Ishokan du Bénin, est revenu quant à lui sur le sens profond de ces manifestations. À ses yeux, la valorisation de l’identité ne saurait être confondue avec un repli sur soi. Bien au contraire, elle constitue un socle de stabilité et un levier pour une meilleure intégration nationale et internationale. « Ces manifestations, c’est pour développer la conscience familiale. Pas tribale », a-t-il affirmé avec conviction. Le professeur Igue a mis en garde contre les clivages ethniques alimentés par l’ignorance, et a plaidé pour une fraternité active, enracinée dans la connaissance de soi. « Celui qui ne sait pas ce qu’il est, il sera l’esclave des autres », a-t-il prévenu. Mais le propos de l’universitaire ne s’est pas arrêté à l’unité nationale. Il a également ouvert la réflexion sur la place du Bénin dans un monde globalisé, évoquant la nécessité pour les communautés d’anticiper les défis géopolitiques. « Qui seraient nos alliés demain ? », a-t-il lancé en guise d’interpellation. Pour lui, la véritable force d’un peuple réside dans sa capacité à conjuguer fierté identitaire et ouverture sur le monde. Cette journée de retrouvailles à Hêvié a ainsi été marquée par une forte charge émotionnelle, mais aussi une volonté collective de bâtir sur des bases solides.
Première édition des retrouvailles de l’Association Ishokan, Yoruba Anago de Hêvié. Au cours de la célébration, le professeur John IGUE et Sa Majesté BADA AGANNA ERIN IV ont été distingués.
El Hadj Taoufique TIDJANI, président d’ISHOKAN région Abomey-Calavi, a saisi l’occasion pour lancer un appel à l’unité et à plus d’engagement pour la valorisation et la promotion de la langue et de la culture Yoruba. Entre les discours engagés et la remise symbolique de distinctions, c’est un souffle nouveau qui a traversé la communauté Yoruba Anago. En appelant à la solidarité, à la mémoire et à la fraternité, les leaders de l’Association Ishokan ont posé les jalons d’une dynamique culturelle qui dépasse le local.
Victorin FASSINOU