Dans son sermon du vendredi 5 décembre, l’Imam Moutawakil Malick Boukari a livré un message fort sur la solidarité, la justice et la responsabilité citoyenne. À travers une métaphore saisissante, il a dénoncé les dérives politiques actuelles au Bénin et exhorté les électeurs à voter librement. Il a également rappelé aux députés et aux dirigeants leur devoir moral et religieux : préserver la paix, servir le peuple et éviter toute forme de discorde.
L’Imam Moutawakil Malick Boukari a ouvert son sermon en rappelant l’appel divin à la cohésion et à l’unité des croyants. Citant de nombreux versets et hadiths, il a souligné que la solidarité est la base de toute société forte, tandis que la division conduit à la faiblesse, à la discorde et à la destruction. Il a mis en garde contre le racisme, le tribalisme et toutes les formes de discrimination, rappelant que l’Islam a aboli ces barrières pour placer la piété comme seul critère de distinction.
Un appel à la responsabilité des dirigeants et des électeurs
Au cœur de son message, l’Imam a partagé une métaphore illustrant le comportement de certains acteurs politiques. Il a raconté l’histoire d’un enseignant victime d’un voleur qui finit paradoxalement par lui venir en aide, ce qui conduit les témoins à glorifier le voleur. Une image forte, selon lui, de la manière dont certains responsables politiques manipulent les populations : « Ils créent le mal, puis viennent jouer aux sauveurs, et c’est ainsi que leur nombre augmente », a-t-il résumé. À quelques jours de l’ouverture de la période électorale, il a invité chaque citoyen à aller voter librement, sans céder à l’achat de conscience ni aux promesses fallacieuses. S’adressant ensuite aux députés et aux responsables politiques, l’Imam Moutawakil Malick Boukari a insisté sur la noble mission confiée à ceux qui représentent le peuple. Le dirigeant, a-t-il rappelé, n’est pas propriétaire du peuple : « Le peuple confie un dépôt dont Allâh demandera des comptes. » Il a mis en garde contre les paroles qui divisent, les querelles inutiles et les comportements qui fragilisent les institutions. Leur responsabilité est triple : politique, morale et religieuse. Évoquant les crises récentes en Guinée-Bissau, il a souligné que l’instabilité n’est jamais loin lorsque les institutions sont affaiblies et que la confiance entre dirigeants et citoyens disparaît. Il a cité le verset : « La discorde est pire que le meurtre » (Sourate 2, verset 191), avant de rappeler que l’Afrique de l’Ouest reste fragile et que le Bénin doit protéger sa paix avec vigilance et justice. L’Imam a insisté sur la nature précieuse et fragile de la paix béninoise. Selon lui, la stabilité est l’œuvre de dirigeants justes, d’institutions solides et d’un peuple conscient de sa responsabilité. « Le Parlement n’est pas un théâtre d’orgueil », a-t-il martelé, invitant les élus à agir avec sagesse, discernement et loyauté envers le peuple. Le sermon s’est conclu par des invocations pour la protection du pays, la sagesse de ses dirigeants et l’unité de son peuple. L’Imam a demandé à Dieu de préserver le Bénin des crises et de faire de la nation un exemple de justice et de stabilité.
Victorin Fassinou

