Groupement de femmes Sousominan de Pehunco De la farine enrichie à l’autonomie, avec l’appui du PAM

À Pehunco, dans le nord-ouest du Bénin, une vingtaine de femmes réunies au sein du groupement Sousominan transforment leur quotidien grâce à la production de farine enrichie. Soutenues par le Programme alimentaire mondial, elles allient lutte contre la malnutrition et autonomisation économique, devenant ainsi des actrices clés du développement local.

Les femmes du groupement à l’œuvre ici

Avant l’arrivée du PAM, le groupement Sousominan ne parvenait à produire qu’une bassine de farine par semaine. Les ventes étaient limitées, tout comme les revenus générés. Aujourd’hui, la donne a changé. Avec les formations techniques et organisationnelles offertes par le PAM, les femmes du groupement produisent plusieurs bassines chaque semaine et écoulent leurs sachets de farine dans plusieurs communes. « Grâce au PAM, nous vendons désormais en grande quantité. On vend dans plusieurs communes aujourd’hui », témoigne Ousmane Massouratou, l’une des membres actives du groupement. Pour ces femmes, il ne s’agit plus simplement de produire, mais de gérer efficacement une petite entreprise communautaire.

La farine enrichie produite par le groupement

La farine enrichie Biboualafia, produite localement à base de maïs, de mil, de sorgho et de soja, est conçue pour répondre aux besoins nutritionnels des enfants de six mois et plus, ainsi que des femmes allaitantes. Riche en macronutriments (glucides, protéines, lipides), en micronutriments (fer, zinc, calcium, vitamines C, B1, B9) et en fibres, elle est distribuée dans les centres de santé, les pharmacies et dans plusieurs communautés bénéficiaires de l’assistance du PAM. Le respect des normes de qualité a permis de bâtir la confiance auprès des utilisateurs.

L’impact économique est notable. « Lors de la dernière vente, le groupement a écoulé 400 sachets, générant un bénéfice net de 90 000 francs CFA. Une avancée qui permet aux femmes d’épargner et de subvenir plus dignement aux besoins de leur famille », rapporte la trésorière générale Silifa Akanro. « Avec ma part, j’ai pu acheter un mouton que j’élève. En cas de besoin, je pourrai vendre ses petits pour faire face aux urgences », confie fièrement Massouratou. Le groupement constitue ainsi une source d’espoir pour de nombreuses familles, où les femmes retrouvent une place centrale dans les dynamiques économiques.

Un projet à la croisée de la nutrition et de l’autonomisation

Pour le PAM, le choix d’appuyer la production de farine enrichie dans l’Atacora n’est pas anodin. « La malnutrition est un problème majeur dans cette région. Nous avons ciblé la tranche d’âge des 6 à 23 mois, car ces enfants consomment principalement de la bouillie. Pour améliorer leur croissance, il faut enrichir leur alimentation », explique Colette Boundé, représentante du PAM à Natitingou. L’attention portée aux besoins spécifiques des enfants et des mères témoigne de la précision de l’intervention.

Colette Boundé, représentante du PAM à Natitingou expliquant ici l’accompagnement du PAM à ce groupement féminin

L’approche du PAM est holistique. En plus de la production, l’agence onusienne met en œuvre un paquet complet d’assistance nutritionnelle comprenant des démonstrations culinaires, des visites à domicile pour les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que des séances d’éducation nutritionnelle avec les chefs de ménage. Ces activités visent à améliorer les pratiques alimentaires au sein des foyers, tout en renforçant la place des femmes dans l’économie locale. En accompagnant les changements de comportements, le PAM installe les bases d’une durabilité accrue.

L’évolution du groupement Sousominan reflète parfaitement cette dynamique. « Initialement, les femmes vendaient uniquement dans les centres de santé. Aujourd’hui, elles livrent aussi dans les communautés, auprès des femmes enceintes, des allaitantes et des ménages déplacés internes. Le marché s’est considérablement élargi », souligne Colette Boundé. Le soutien du PAM a non seulement permis d’augmenter la production, mais aussi de donner de la visibilité au groupement, qui commence à être connu au-delà de Pehunco. Ce rayonnement nouveau suscite l’intérêt d’autres communautés souhaitant s’inspirer de leur modèle.

L’objectif à long terme est ambitieux : créer de véritables unités de production à grande échelle, capables de couvrir l’ensemble du nord du Bénin. Le PAM entend également intégrer davantage de femmes déplacées dans ces dynamiques, afin de renforcer leur autonomie économique et sociale.

Victorin FASSINOU

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