Prise en charge du VIH chez les adolescents et jeunes : Le Réseau EVA et l’ONG CeRADIS lancent le projet Transitions II (Au Bénin comme en Centrafrique, l’initiative vise à améliorer la continuité des soins et à renforcer le pouvoir d’agir des jeunes vivant avec le VIH)

Le Réseau Enfants et VIH en Afrique EVA et ses partenaires ont lancé, le 18 juillet 2025 à l’hôtel La Casa Cielo de Cotonou, le projet Transitions II. Déployée sur trois ans au Bénin et en République Centrafricaine, cette initiative vise à améliorer la prise en charge des adolescents et jeunes adultes vivant avec le VIH en assurant une meilleure continuité des soins et en renforçant leur pouvoir d’agir dans les politiques de santé.

Le présidium au lancement du projet

L’objectif est clair : améliorer durablement la qualité de vie des adolescents et jeunes adultes vivant avec le VIH (AJAVVIH), souvent confrontés à l’isolement, aux ruptures de soins et à une invisibilité institutionnelle. Le projet, soutenu par plusieurs partenaires techniques et financiers, repose sur une approche intégrée qui allie santé, plaidoyer et autonomisation communautaire.

« Dans nos pays, les services de santé ne sont pas encore adaptés aux réalités des adolescents vivant avec le VIH. Beaucoup commencent leur transition vers les soins pour adultes trop tard et avec de nombreuses difficultés. Cela crée des ruptures dans la prise en charge, des retours vers la pédiatrie et un sentiment d’exclusion », a rappelé Dr Ndeye Fatou Ngom, Directrice Exécutive du Réseau EVA, lors du lancement à Cotonou.

Une transition mieux encadrée pour des parcours de soins plus humains

Mis en œuvre au Bénin par CeRADIS et en RCA par le CEBG, le projet Transitions II s’étalera sur trois ans. Il prévoit l’accompagnement de 607 jeunes vivant avec le VIH, dont plus de la moitié sont des femmes, à travers 13 sites de soins, 6 pédiatriques et 7 pour adultes. Il s’agira notamment d’assurer une transition fluide entre la prise en charge pédiatrique et les services adultes, tout en intégrant les droits à la santé sexuelle et reproductive.

Mais Transitions II ne s’arrête pas à l’offre de soins. Il mise aussi sur le renforcement du tissu communautaire en formant 45 soignants et 55 « pères éducateurs » issus des associations de jeunes. Le projet ambitionne également de réduire les inégalités de genre et de produire des données probantes afin d’orienter les politiques publiques.

Pour Dr Yayé Diallo, Directrice pays de l’ONUSIDA pour le Bénin et le Togo, Transitions II est bien plus qu’un projet de santé : « C’est une promesse renouvelée. Une promesse de ne laisser aucun adolescent, aucune adolescente vivant avec le VIH sans voix, sans soutien, sans soin. »

Présidant la cérémonie de lancement au nom du ministre de la Santé, le Professeur Djimon Marcel Zannou a salué un programme stratégique capable de transformer durablement les parcours de soins. Il a insisté sur la nécessité d’une transition encadrée et centrée sur le patient, intégrant les aspects cliniques, communautaires et de plaidoyer.

De son côté, Nourou Adjibadé, Directeur Exécutif de CeRADIS, a souligné l’expérience de son organisation dans la lutte contre le VIH pédiatrique et sa détermination à faire évoluer les pratiques pour mieux répondre aux besoins spécifiques des jeunes.

Quant à la République Centrafricaine, Dr Cyriaque Simplice Kango, représentant de l’ONG CEBG, a salué l’initiative comme une bouffée d’espoir dans un contexte de précarité sanitaire aggravé par les crises sécuritaires. Il a appelé à une coopération sud-sud active et à l’intégration des acquis dans les politiques nationales.

Enfin, la jeunesse elle-même s’est exprimée à travers Basile Zinho, de l’association ABéJEV-PLUS. Pour lui, Transitions II est un projet de dignité : les jeunes séropositifs veulent être acteurs de leur santé et non des objets de programme. « Nous refusons d’être réduits à des statistiques », a-t-il lancé, plaidant pour une gouvernance basée sur l’écoute, la transparence et la co-construction.

Présent au lancement officiel du projet, le Professeur Djimon Marcel Zannou, Président du Conseil national de la médecine hospitalière, a réitéré l’engagement du ministère de la Santé pour une prise en charge pédiatrique adaptée et une transition accompagnée des jeunes vivant avec le VIH. Il a insisté sur le fait que la réussite du projet Transitions II repose sur la collaboration de tous les acteurs du système de santé et de la société civile afin d’assurer une réponse durable et humaine.

Les participants au lancement du projet

Le projet Transitions II vise principalement à améliorer la rétention dans les soins des adolescents et jeunes adultes vivant avec le VIH. Il s’articule autour de trois axes essentiels : une prise en charge clinique adaptée, un renforcement du pouvoir d’agir des jeunes par leur engagement dans les associations et un plaidoyer multisectoriel fondé sur la production de données probantes. L’objectif est de réduire les ruptures dans le continuum des soins, d’améliorer l’accès à la santé sexuelle et reproductive et de lutter contre les inégalités de genre. Le lancement de Transitions II marque ainsi une étape importante dans la lutte contre le VIH au Bénin et en République Centrafricaine avec l’espoir de bâtir un avenir plus juste, inclusif et porteur d’espoir pour les jeunes séropositifs.

Victorin FASSINOU

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