Alors que la révolution numérique s’accélère, plusieurs pays africains ont entamé les premières réflexions stratégiques autour de la 6G. Une anticipation rare, qui marque la volonté du continent de ne plus subir les retards technologiques, mais d’y prendre part dès les premières heures.
L’Afrique se tourne déjà vers la sixième génération des télécommunications, au moment même où la 5G poursuit encore son déploiement inégal sur le continent. Ces dernières semaines, des États membres d’organisations régionales ont officialisé un cadre de coopération destiné à étudier les standards, les besoins techniques et les exigences réglementaires de la future technologie. Cette initiative, encore préliminaire, s’inscrit dans une dynamique d’anticipation qui vise à éviter les décalages constatés lors du passage à la 3G ou à la 4G, où de nombreux pays avaient pris plusieurs années de retard.
La 6G, dont les premiers usages commerciaux sont attendus à partir de 2030 dans les grandes puissances technologiques, promet une révolution nettement supérieure à celle de la 5G. Elle pourrait offrir des vitesses de connexion cent fois plus rapides, une latence quasiment nulle et une capacité de traitement suffisante pour connecter simultanément un nombre massif d’objets. Ces performances ouvrent la voie à des applications de très haut niveau, comme la chirurgie à distance, la réalité augmentée avancée, l’intelligence artificielle embarquée, la surveillance environnementale ou encore la gestion autonome des systèmes urbains. Pour les experts africains, les enjeux sont considérables car ces avancées technologiques peuvent transformer l’agriculture, la logistique, l’éducation, la santé et l’industrie.
Plusieurs ministères africains en charge du numérique ont déjà engagé des discussions avec les régulateurs, les opérateurs et des partenaires internationaux. L’objectif est d’identifier les besoins prioritaires en infrastructures, en spectre radio, en fibre optique et en formation technique. Dans certains pays, des comités de travail sont en cours de constitution pour étudier la faisabilité d’une transition future vers les standards 6G. L’idée maîtresse est de ne pas se laisser surprendre, mais d’être prêts à intégrer cette nouvelle génération dès que le marché mondial commencera à la démocratiser.
Au Bénin, les investissements réalisés ces dernières années dans la fibre optique, la digitalisation des services publics, le déploiement d’infrastructures modernes et la montée en puissance des centres de données constituent une base solide pour aborder l’avenir. Le pays a montré, à travers l’organisation du Sommet mondial sur la société de l’information pour l’Afrique en 2025, sa volonté affirmée de jouer un rôle actif dans l’évolution numérique du continent. Bien qu’aucune feuille de route spécifique à la 6G n’ait encore été officialisée, les autorités béninoises participent aux réflexions continentales et s’intéressent particulièrement aux questions liées à la modernisation des réseaux, à l’actualisation des cadres réglementaires, à la formation des ingénieurs et à l’accélération des partenariats public-privé.
Cependant, la perspective de la 6G met également en lumière plusieurs défis majeurs. Les réseaux de très haute capacité nécessitent une infrastructure énergétique stable, des backbones de fibre optique performants, des compétences techniques avancées et des investissements importants. Dans un marché où la 4G n’est pas encore généralisée et où la 5G reste un service peu accessible, les opérateurs s’interrogent déjà sur les conditions de rentabilité d’une future migration vers la 6G. Le risque de fracture numérique pourrait s’accentuer si les zones rurales ne bénéficient pas d’un accompagnement adapté.
Malgré ces défis, l’intérêt du continent pour la 6G confirme une nouvelle ambition : celle d’être présent au rendez-vous de la prochaine grande mutation technologique. Pour beaucoup d’acteurs du secteur, l’Afrique a aujourd’hui l’opportunité de rompre avec la logique du rattrapage et de se positionner dans une démarche proactive. L’avenir numérique du continent dépendra de sa capacité à préparer dès maintenant les infrastructures, les compétences et les cadres réglementaires nécessaires.
La 6G n’est pas pour demain, mais sa préparation commence aujourd’hui. Et l’Afrique, pour une fois, veut être dans la course dès le départ.
Source: technologie.fr

