10è anniversaire du changement de pouvoir en Ukraine : L’Ambassadeur Igor Evdokimov parle d’une crise systémique de grande ampleur

Cela fait exactement 10 ans ce 22 février 2024 qu’il y avait eu le changement de pouvoir en Ukraine. A ce 10ème anniversaire, l’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la Fédération de Russie en République du Bénin et en République Togolaise, S.E.M Igor Evdokimov est revenu sur l’événement ayant plongé l’Ukraine dans ce qu’il qualifie d’« une crise systémique de grande ampleur ». Parlant de l’actuelle situation en Ukraine, le diplomate russe a souligné que Washington, Londres et Bruxelles ont cultivé dans ce pays une dictature nationaliste agressive, essentiellement néonazie, dont le seul objectif était d’infliger une « défaite stratégique » à la Russie. Lire l’entretien ci-dessous.

Votre Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la Fédération de Russie près le Bénin, le 22 février marque le dixième anniversaire du changement de pouvoir en Ukraine en février 2014. Comment estimez-vous ces événements-là?

Il y a dix ans, nous avons tous été témoins des événements tragiques qui se sont déroulés dans le centre de Kiev sur la Place Maïdan. Ils ont atteint leur paroxysme avec le coup d’État sanglant qui a secoué le pays tout entier, entraîné la sécession de la Crimée de l’Ukraine et le conflit armé dans le Donbass. L’Ukraine a été frappée par une crise systémique de grande ampleur. Dans une large mesure, elle a été provoquée et activement soutenue par les pays occidentaux, principalement les États-Unis. Tout ce qui s’est passé par la suite en Ukraine ne peut être décrit que comme un chaos politique sans fin, une anarchie et un ultranationalisme rampant.
Il est évident aujourd’hui que les événements du Maïdan de 2014 n’ont rien apporté de positif à l’Ukraine et n’ont fait qu’aggraver les problèmes existants.

Comment pourriez-vous caractériser la situation actuelle en Ukraine?

L’anarchie juridique règne en Ukraine, toute dissidence est réprimée sans parler de toute opposition politique. Il y a une lutte dans tous les sens du terme contre la liberté d’expression, de religion, de conscience, la censure la plus sévère est en vigueur, les répressions et les exécutions extrajudiciaires sont devenues monnaie courante.
En fait, Washington, Londres et Bruxelles ont cultivé en Ukraine une dictature nationaliste agressive, essentiellement néonazie, dont le seul objectif, et cela n’est pas caché, était d’infliger une « défaite stratégique » à la Russie. Les pays occidentaux ont compris que l’Ukraine elle-même a été détruite. Seulement, cela n’a pas encore pu être officiellement constaté. Bien entendu, nous ne pouvons pas permettre qu’une telle source de menace pour la sécurité de notre pays et de nos citoyens existe à nos frontières.
Nous éliminons une injustice historique et controns les tentatives non seulement de réécrire l’histoire des peuples de notre pays, mais aussi de l’oublier à jamais et de transformer les territoires actuels sur lesquels les Russes et d’autres peuples de Russie ont vécu pendant des siècles en une tête de pont que l’OTAN dirigée par les États-Unis utiliserait pour menacer la sécurité de la Fédération de Russie.

Quelle est l’ampleur de l’aide des pays occidentaux à l’Ukraine ?

En deux ans, l’Occident a alloué plus de 200 milliards de dollars à l’Ukraine pour soutenir son programme militaire et appuyer le budget de ce pays totalement insolvable. Pour mettre cela en perspective, l’UE a alloué moins de 80 milliards d’euros à débourser en sept ans pour fournir un soutien socio-économique au Sud et à l’Est globaux. Il y a une différence. Sur ce montant, 29,1 milliards d’euros iront à l’Afrique, 8,5 milliards d’euros à la région Asie-Pacifique et 3,4 milliards d’euros à l’Amérique latine, soit un peu plus de 10 milliards d’euros par an. A comparer avec les 200 milliards de dollars en moins de deux ans alloués à l’Ukraine.
Les États-Unis sont le principal donateur, suivis par l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Pologne, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède. Les sommes investies en Ukraine en disent long. On comprend tout de suite l’importance pour l’Occident de maintenir le projet Ukraine sur les rails. Ils savent déjà que ce projet est en train d’échouer, mais ils ne peuvent pas s’arrêter. Non seulement pour des raisons de préservation de leur statut, dont ils pensent qu’il est en jeu et qu’ils ne peuvent donc pas perdre, mais aussi en termes de gains économiques.
En décembre 2023, le secrétaire d’État des États-Unis Antony Blinken a littéralement déclaré, à propos du soutien à l’Ukraine, qu’il s’agissait d’un investissement lucratif pour l’économie américaine : « 90 % de l’aide à la sécurité que nous avons fournie à l’Ukraine a été dépensée ici, aux États-Unis, au profit d’entreprises, de travailleurs et de communautés américaines, renforçant ainsi la base industrielle de défense de notre pays ». La position de l’industrie de défense américaine en Europe s’est brusquement améliorée, puisque plus de 60 % des armes achetées par les pays de l’UE proviennent des États-Unis.
Washington oblige les pays de l’UE à envoyer tout ce qu’ils ont à l’Ukraine pour presque rien. Les pays qui le font reconstituent leurs arsenaux avec des armes fabriquées aux États-Unis qu’ils achètent au prix fort.

Comment voyez-vous l’évolution de la situation en Ukraine?

La grande majorité des experts impartiaux voient clairement que le soutien continu de l’Occident au régime de Kiev est le facteur clé qui empêche une résolution pacifique de la crise ukrainienne. Ce soutien lui est apporté en dépit de son agonie évidente et de son incapacité à atteindre l’objectif d’infliger à la Russie une « défaite stratégique » qui lui a été dictée par ses supérieurs.
La vérité est que, malgré l’échec total des forces armées ukrainiennes sur le champ de bataille, les patrons occidentaux du régime de Kiev continuent de le pousser, comme des maniaques, à poursuivre cette confrontation militaire dénuée de sens.
La plupart des Ukrainiens commencent à comprendre qui est leur véritable ennemi et qui les trompe depuis des années en diabolisant la Russie, en répandant des mensonges à son sujet et en « annulant » notre histoire commune. Malgré une forte censure, des informations véridiques sur la vie en Crimée et dans d’autres territoires récemment réunifiés à la Russie sont diffusées en Ukraine. Contrairement aux prévisions de la propagande de Kiev, les Russes, les Ukrainiens et d’autres groupes ethniques y vivent en paix et en harmonie.
C’est ainsi, en frères et en bons voisins, qu’ils vivront une fois que la Russie aura atteint les objectifs de l’opération militaire spéciale, que ce soit par des moyens militaires ou par une résolution pacifique.
Permettez-moi de vous rappeler que nous n’avons jamais renoncé aux méthodes pacifiques et que nous avons toujours été prêts à négocier. Toutefois, ces pourparlers devraient se concentrer sur la manière de surmonter l’héritage destructeur de la dernière décennie, qui a été consacrée au pillage de l’Ukraine et à la violence infligée à son peuple. Les pourparlers devraient porter sur l’élimination des causes profondes de la tragédie ukrainienne, plutôt que sur le maintien au pouvoir des dirigeants du régime de Kiev.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *