À l’initiative du Programme Alimentaire Mondial (PAM), en partenariat avec les ministères sectoriels béninois, une série de formations est déployée dans plusieurs localités pour renforcer les capacités des groupements agricoles en matière de leadership, de gestion associative et d’éducation financière. La formation pour le compte de Dassa et de Glazoué a été lancée le mardi 15 avril 2025 dans l’enceinte de la mairie de Dassa-Zoumè. Une stratégie pensée pour mieux structurer les organisations et optimiser l’approvisionnement local des cantines scolaires.
Dans le cadre de la mise en œuvre de son Plan Stratégique Pays 2024-2027, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) poursuit ses actions d’accompagnement des petits producteurs agricoles, avec un accent particulier sur les femmes. Du 26 mars au 10 avril 2025, une série de sessions de formation a été organisée au profit de 55 groupements féminins et mixtes à Dassa-Zoumé, Glazoué et Kilibo, dans le département des Collines.
Une approche multisectorielle pour une professionnalisation durable
L’initiative, mise en œuvre en partenariat avec le Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (à travers sa Cellule Genre et Environnement), la Direction Générale de la Microfinance et l’Agence Nationale de l’Alimentation et de la Nutrition (ANAN), vise à renforcer les capacités de ces groupements sur des thématiques clés : leadership féminin, structuration organisationnelle, gestion associative, finance digitale et éducation financière.
Marius Kanhounnon, représentant de l’ANAN à Dassa, a salué la mobilisation des partenaires et réaffirmé l’engagement de son institution à suivre rigoureusement l’application des connaissances acquises. « L’objectif est que les compétences acquises ici soient effectivement mises en œuvre, afin que nous puissions en constater les effets concrets dans nos activités sur le terrain », a-t-il déclaré.
À Dassa-Zoumé, Yves Eric Koukoui, Chef de la Cellule Genre et Environnement du MAEP dans les Collines, a salué la pertinence de ces formations qui, selon lui, répondent à un besoin réel de professionnalisation :
« Il ne peut y avoir d’organisation professionnelle agricole sans inclusion financière et sans bonne gestion. Nous avons veillé à ce que les femmes disposent des outils adéquats : cahiers des charges, registres comptables, outils de suivi digital. Ces formations permettront aux groupements de se structurer de manière durable et efficace. »
Il a également insisté sur le rôle stratégique que les femmes jouent dans les chaînes de valeur agricoles, notamment dans le contexte de l’alimentation scolaire.
« Les cantines scolaires sont un levier important pour valoriser les productions locales. Si les groupements sont bien structurés, les femmes peuvent mieux répondre à la demande des écoles et améliorer significativement leurs revenus. »
L’autonomisation des femmes au cœur de la stratégie du PAM
Cette approche multisectorielle a permis de mobiliser diverses expertises. L’intervention de la Direction Générale de la Microfinance a été représentée par son directeur général, Brice Russell Dansou. Il a sensibilisé les participantes à la finance digitale et à la gestion des crédits, tandis que les équipes du PAM ont mis l’accent sur la structuration des groupements pour favoriser leur reconnaissance formelle et leur performance économique.
Pour Armelle Korogone, responsable de l’unité Renforcement des capacités et Partage de connaissances au PAM :
« Ces formations s’inscrivent dans une logique d’autonomisation durable. L’objectif est que ces femmes deviennent des actrices influentes dans la transformation des systèmes alimentaires. Il ne suffit pas qu’elles soient intégrées dans les chaînes de valeur, il faut qu’elles y exercent un pouvoir décisionnel, qu’elles pèsent dans les orientations à prendre. »
Elle précise également :
« Les modules ont été pensés pour être immédiatement applicables. Nous insistons sur les outils pratiques, adaptés à leur réalité : gestion numérique des données, gestion de stock, procédures administratives, etc. Les participantes repartent avec un kit complet de compétences. »
Sur le terrain, les témoignages des bénéficiaires sont unanimes : cette initiative vient combler un vide dans l’accompagnement des groupements agricoles féminins.
Pierrette Boni, participante venue de Glazoué, témoigne :
« On nous apprend comment organiser nos réunions, gérer nos finances, mais aussi comment devenir des leaders dans nos communautés. C’est très encourageant. »
L’ensemble des parties prenantes s’accorde sur la nécessité de maintenir cette dynamique.
« Nous allons poursuivre l’initiative dans d’autres départements, avec l’appui des structures étatiques. L’idée est de créer un véritable maillage national de groupements féminins formés et outillés pour jouer un rôle actif dans l’approvisionnement des cantines scolaires. C’est aussi un levier pour renforcer la résilience des communautés face aux enjeux alimentaires », conclut Armelle Korogone.
Victorin FASSINOU