Demandeurs d’asile au Bénin : Comment le PAM change des destins à Tanguiéta-Avec 58 000 F chacun, deux jeunes hommes rebâtissent leur avenir, récit de deux vies transformées

La crise sécuritaire dans la région du Sahel a poussé de nombreux habitants à fuir leur pays, cherchant un refuge dans les pays voisins. Le Bénin, notamment la ville de Tanguiéta dans le département de l’Atacora, a accueilli une partie de ces demandeurs d’asile. Grâce à l’aide du Programme Alimentaire Mondial (PAM), ces demandeurs d’asile ont pu se relever, rebâtir leur avenir et reprendre une vie relativement stable. Parmi ces bénéficiaires, Idrissa et Moussa, deux hommes d’une trentaine d’années, témoignent de la transformation de leur quotidien grâce au soutien du PAM.

Idrissa est arrivé à Tanguiéta en 2021 après avoir fui son village de Tambaga, en raison des violences terroristes. “Quand j’ai vu que ça chauffait, j’ai fait tout pour partir”, raconte-t-il. L’arrivée a été difficile. Sans repères, sans biens, et avec seulement son téléphone en poche, Idrissa a trouvé refuge chez une parente éloignée d’un de ses grands-pères. “C’était dur au début, mais aujourd’hui, je suis accepté, et les gens m’appellent le ‘Béninois’”, ajoute-t-il avec un sourire, comme une victoire. Le trajet vers Tanguiéta a été pénible, mais la chaleur de l’accueil et la promesse d’un avenir meilleur l’ont encouragé à continuer.

La situation de Moussa, lui aussi demandeur d’asile, est similaire. Fuyant l’insécurité grandissante, il est arrivé au Bénin, via plusieurs étapes, avant de se stabiliser à Tanguiéta. Pour lui aussi, la transition a été rude. “Nous avons tout laissé derrière nous, ma famille et moi. La peur, les attaques, tout cela nous a forcés à partir”, explique-t-il. L’accueil à Tanguiéta, bien qu’amical, n’a pas été facile, et les premières semaines ont été marquées par l’incertitude. Mais comme Idrissa, Moussa a trouvé une communauté prête à l’aider, ce qui a été déterminant dans sa capacité à reconstruire sa vie.

Un soutien vital

En 2021, Idrissa a été l’un des bénéficiaires du programme d’assistance du PAM. Ce soutien financier de 58 000 F CFA a été décisif. “Sans cet argent, je ne sais pas ce que je serais devenu ici”, avoue-t-il. Grâce à cette aide, il a pu louer un hectare de terre pour cultiver du sésame. Après la récolte, il a vendu les trois sacs obtenus pour 200 000 F CFA, une somme qui lui a permis d’acheter une moto d’occasion pour ses déplacements, mais aussi pour se lancer dans le commerce de volailles. “Aujourd’hui, je suis beaucoup plus à l’aise. Avant, je faisais des travaux pénibles comme le déchargement de ciment. C’était fatiguant et peu rentable”, se souvient-il.

Pour Moussa, l’aide du PAM a aussi été une bouée de sauvetage. Avec ses 58 000 F CFA, il a pu louer deux hectares de terre et cultiver du sésame. La première récolte a été modeste : six sacs, mais cela a suffi à lui permettre d’investir dans un petit commerce de maïs, qu’il achète et revend dans les marchés locaux. “Cela me permet de subvenir aux besoins de ma famille”, explique Moussa. Même si ses bénéfices mensuels sont plus modestes que ceux d’Idrissa, Moussa est reconnaissant envers le PAM, qui lui a permis de reprendre espoir. “Cela m’a permis de repartir de zéro, et maintenant, je tiens mon commerce. Ça nous aide à vivre dignement.”

Un avenir qui se construit

L’avenir semble plus serein pour Idrissa et Moussa, même si les défis restent nombreux. Ils témoignent tous deux d’une grande résilience. “Si je peux étendre mon champ à deux hectares cette année, ce serait bien”, indique Idrissa, qui ambitionne de continuer à investir dans l’agriculture. Quant à Moussa, il rêve de pouvoir acheter un terrain agricole pour ne plus dépendre de la location. “Avec notre propre terre, nous pourrions cultiver du riz, du maïs, du sésame, et même nous lancer dans l’apiculture. Cela nous permettrait de nourrir dignement nos familles et de vivre de notre travail”, explique-t-il. Les familles de ces réfugiés ont aussi retrouvé un semblant de normalité grâce à l’activité commerciale. Idrissa, bien que déjà marié et père, a vu sa vie familiale se stabiliser. “Ma femme n’a plus besoin de laver chez les autres pour gagner un peu d’argent. Grâce à ma moto et à mon commerce, on s’en sort mieux.” Il n’oublie pas la chance qu’il a d’avoir pu accéder à ces opportunités. Quant à Moussa, il attend avec impatience que ses enfants puissent enfin aller à l’école. “C’est mon rêve, qu’ils aient un meilleur avenir que le nôtre”, dit-il, le regard plein d’espoir.

Une aide précieuse

L’aide du PAM ne s’arrête pas à Idrissa et Moussa. De nombreux demandeurs d’asile dans le département de l’Atacora bénéficient d’une aide similaire. Le programme continue de soutenir les populations déplacées, leur permettant de se remettre sur pied et de se réinsérer dans la vie économique locale. Les bénéficiaires, bien qu’ils aient traversé des épreuves difficiles, trouvent souvent dans cette aide un moyen de reconstruire leur avenir, de retrouver leur dignité et de contribuer à la société d’accueil.Les témoignages d’Idrissa et Moussa illustrent parfaitement l’impact du PAM sur les vies des demandeurs d’asile. Ces histoires de résilience et de transformation montrent comment, avec un peu de soutien, des vies peuvent changer. Grâce à ce programme, les demandeurs d’asile sont plus que jamais des acteurs à part entière du tissu économique local. Ils participent au développement de la région de Tanguiéta et contribuent activement à la société béninoise. “Ce soutien nous aide à ne pas sombrer. Il nous redonne confiance en l’avenir”, conclut Idrissa. De son côté, Moussa espère que l’avenir sera encore plus prospère, grâce à la stabilité qu’il a retrouvée. “Je suis fier de ce que je fais. Et je ne compte pas m’arrêter là.” Aujourd’hui, tout comme Idrissa et Moussa, des dizaines d’autres demandeurs d’asile bénéficient de l’aide du PAM dans le département de l’Atacora. Ils continuent de reconstruire leurs vies, d’espérer, et de contribuer au développement local.

Victorin Fassinou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *