Entretien avec le Professeur Romuald TCHIBOZO : « Le colloque international qui s’ouvre le 15 octobre est pour repenser la protection du patrimoine archéologique au Bénin »

À quelques jours du colloque international sur « l’Archéologie préventive et l’aménagement du territoire au Bénin », prévu les 15, 16 et 17 octobre 2025 à Abomey-Calavi, le Professeur Romuald Tchibozo, directeur de l’Institut National des Métiers d’Archéologie, d’Art et de la Culture (INMAAC), revient sur les motivations de cette initiative inédite. Entre sensibilisation, renforcement du cadre législatif et propositions concrètes pour une meilleure gouvernance du patrimoine archéologique, il dévoile les grandes ambitions de ce rendez-vous scientifique majeur.

Professeur, pourquoi l’INMAAC a-t-il jugé nécessaire d’organiser, à ce moment précis, un colloque international sur l’archéologie préventive et l’aménagement du territoire au Bénin ?

L’archéologie préventive vise à assurer, sur terre comme sous les eaux, la détection et l’étude scientifique des vestiges susceptibles d’être détruits par des travaux d’aménagement du territoire. Cette approche, bien ancrée dans plusieurs pays à travers le monde, impose désormais aux entreprises chargées de tels travaux d’intégrer une étude d’impact archéologique avant l’ouverture des chantiers. Au Bénin, de nombreux vestiges et sites archéologiques ont été détruits ou rasés au fil des années, souvent sous le regard impuissant des populations. Conscient de cette menace, le gouvernement a promulgué la loi n°2021-09 du 22 octobre 2021 portant protection du patrimoine culturel en République du Bénin.À travers ce colloque, l’INMAAC souhaite poursuivre la sensibilisation et éveiller davantage les consciences des citoyens, des décideurs et des entreprises de BTP sur la nécessité de préserver notre patrimoine archéologique, véritable mémoire de notre histoire.

 

Quels types de participants attendez-vous à ce rendez-vous scientifique et quel rôle chacun d’eux est-il appelé à jouer dans les échanges autour de la protection du patrimoine archéologique ?

Nous attendons une diversité d’acteurs : les universitaires, les ministères sectoriels concernés, les entreprises de BTP, les architectes, les agences de travaux à haute intensité de main-d’œuvre, les élus locaux, ainsi que tous les acteurs impliqués dans la chaîne décisionnelle liée à l’aménagement du territoire. Chacun d’eux aura un rôle spécifique à jouer : partager ses expériences, confronter ses pratiques aux exigences de la préservation du patrimoine et proposer des solutions réalistes pour mieux articuler développement et sauvegarde des vestiges archéologiques.

 

Audelà de la sensibilisation, quels sont les objectifs concrets que l’INMAAC souhaite atteindre à travers ce colloque, et quelles propositions majeures pourraient en émerger pour renforcer la gouvernance du patrimoine archéologique au Bénin ?

Ce colloque, consacré à l’archéologie préventive et à l’aménagement du territoire, constitue une première historique au Bénin. L’objectif principal est d’élever le niveau de conscience sur cette problématique et de dégager des propositions concrètes.Parmi les principales recommandations attendues figurent : la réalisation de la carte archéologique du Bénin, fondée sur un inventaire national des sites archéologiques ; la création d’une Agence nationale de l’archéologie préventive ;et le renforcement du cadre législatif en matière d’archéologie préventive.L’INMAAC, qui a pour mission de former les futurs cadres et professionnels du domaine, souhaite que ces spécialistes soient pleinement impliqués dans la mise en œuvre de ces réformes.

 

Après ce colloque, quelles suites envisagez-vous pour que les recommandations issues des travaux ne restent pas lettre morte, mais se traduisent en engagements et en actions durables ?

L’INMAAC prévoit de mettre à la disposition des institutions intéressées le rapport du colloque, afin qu’il serve de base d’aide à la décision pour les politiques publiques.De plus, comme il s’agit d’une initiative inédite dans notre pays, les actes du colloque seront publiés. Ils constitueront une référence durable et une ressource documentaire essentielle pour la recherche, la formation et la gouvernance du patrimoine archéologique au Bénin.

Merci, Professeur.

Réalisé par victorin FASSINOU

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