Formation des acteurs nationaux sur l’AIC: Le PAM et le MAEP renforcent l’analyse des vulnérabilités alimentaires au Bénin

La Cellule technique de suivi et d’appui à la gestion de la sécurité alimentaire (CTSAGSA), sous tutelle du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, avec le soutien du Programme alimentaire mondial (PAM), organise du 23 au 27 juin au Bénin Royal Hôtel un atelier national sur l’Analyse Intégrée du Contexte (AIC). Objectif : doter les acteurs nationaux d’un outil stratégique pour mieux cibler les zones vulnérables et renforcer la résilience alimentaire des communautés.

Une vue partielle des participants à la formation

Face à une insécurité alimentaire persistante au Bénin, la Cellule technique de suivi et d’appui à la gestion de la sécurité alimentaire (CTSAGSA), sous tutelle du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, mise sur l’Analyse Intégrée du Contexte (AIC) pour orienter plus efficacement les interventions en faveur des populations les plus vulnérables. L’atelier national, qui se déroule du 23 au 27 juin 2025 à Cotonou, réunit un large éventail d’acteurs étatiques, techniques, communautaires et académiques engagés dans la lutte contre l’insécurité alimentaire. Il vise à renforcer les capacités nationales sur cet outil novateur, fondé sur l’approche à trois niveaux (3PA) du PAM. L’AIC permet d’élaborer une cartographie globale de la vulnérabilité en croisant des données historiques et factuelles sur des facteurs tels que l’insécurité alimentaire chronique, les chocs climatiques (inondations, sécheresse), la nutrition, la dégradation des terres ou encore les moyens d’existence. Cette démarche vient compléter les dispositifs existants comme le Cadre harmonisé ou le Plan de soutien du gouvernement.
Les travaux de l’atelier sont appuyés par des experts du PAM, notamment un facilitateur venu du bureau régional basé à N’Djamena, avec l’appui technique du bureau pays Bénin. Christian Ayedoun, chargé de l’analyse de la sécurité alimentaire au PAM Bénin, rappelle que cette initiative s’inscrit dans le Plan stratégique pays 2024–2027 de l’agence onusienne, qui mise sur le renforcement des compétences nationales pour des actions de long terme. L’objectif est clair : dépasser les réponses conjoncturelles pour inscrire les politiques de résilience dans une vision stratégique durable.

Abdoulaye Ndiaye, expert AIC basé au PAM TCHAD

Un outil durable contre l’insécurité alimentaire

Dominique Dédégbé, chef de la CTSAGSA, souligne la nécessité de disposer d’un cadre d’analyse pérenne pour mieux comprendre les dynamiques de vulnérabilité et adapter les programmes aux besoins réels des populations. La CTSAGSA, placée sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, joue un rôle central dans la coordination des dispositifs de sécurité alimentaire au Bénin. Selon lui, l’AIC aidera à identifier les foyers d’insécurité alimentaire chronique afin de formuler des recommandations plus précises aux décideurs politiques.
Le processus implique plusieurs structures du ministère de l’Agriculture, dont la Direction de la statistique agricole (DSA) et la Direction de l’économie de la production agricole et forestière (DEPAF), ainsi que des représentants des ministères de l’Environnement et du Cadre de vie, à travers l’Agence béninoise pour l’environnement (ABE) et l’Agence nationale de la météorologie. Des ONG comme DIGRAF et CARE Bénin-Togo, la société civile, des organisations de producteurs agricoles (PENOPAB), ainsi que des chercheurs de la Faculté des sciences agronomiques (FSA) de l’Université d’Abomey-Calavi sont également associés.

Mais la mise en œuvre de l’AIC n’est pas sans défis : insuffisance de ressources, lacunes dans les capacités techniques, accès limité à des données fiables et coordination parfois insuffisante avec les autres outils d’aide à la décision. L’atelier se veut un espace de dialogue pour surmonter ces obstacles et renforcer la synergie entre les acteurs.
Les résultats les plus récents du Cadre harmonisé, publiés en mars 2025, indiquent que 3 % de la population béninoise est en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Une légère amélioration est attendue pour la période de soudure (juin–août), avec un taux estimé à 2,5 %, notamment grâce aux récoltes précoces dans les régions sud et centre. Une accalmie temporaire qui ne saurait occulter la nécessité de bâtir des réponses structurelles, mieux ciblées et plus résilientes.
Pour les acteurs nationaux présents à cette formation, avec l’AIC, le Bénin franchit une étape importante vers une programmation plus efficace de la sécurité alimentaire, ancrée dans les réalités locales et capable d’anticiper les crises à venir.

Victorin FASSINOU

 

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