À Natitingou, dans le nord-ouest du Bénin, le Centre de promotion de l’entrepreneuriat agricole féminin (CePEA SOUROU) est devenu un vivier d’espoir pour des centaines de femmes engagées dans la transformation du riz local. Grâce à l’appui du Programme alimentaire mondial (PAM), elles ont franchi un cap décisif dans leur autonomisation économique et sociale. Témoignage.

Depuis 2005, Zeynabou Tchané, étuveuse de riz et secrétaire du groupement féminin Bodarima, œuvre au sein du CePEA SOUROU. Ce centre regroupe huit groupements de femmes actives dans la production, la transformation et la commercialisation du riz local. Mais sans soutien extérieur, l’initiative aurait peiné à s’imposer. « Au début, nous avions des difficultés : manque de bassines, de marmites, et surtout d’eau. Le plus dur, c’était l’écoulement du riz. Nous produisions beaucoup, sans acheteurs, et nous perdions énormément », raconte-t-elle. L’arrivée du PAM a chang la donne. « Ils nous ont donné du matériel, financé l’achat du riz, et surtout, ce sont eux qui achètent maintenant notre production. On ne perd plus rien. Même quand nous traitons 20 tonnes, tout est vite écoulé. »
Cet accompagnement a permis aux femmes du centre de travailler avec plus de sérénité. Elles ne sont plus contraintes de vendre à perte ou de conserver un stock invendu. L’activité est désormais mieux organisée, plus rentable, et surtout durable.

Le riz et le jardin comme levier d’autonomisation
En dehors de la transformation du riz, les femmes du CePEA SOUROU s’investissent aussi dans un jardin communautaire, une activité complémentaire qui contribue à la sécurité alimentaire des ménages. « Quand le riz n’est pas prêt, on va au jardin. Nous y cultivons des fruits et légumes pour les sauces : citron, orange, banane. Même les femmes du quartier viennent se ravitailler ici », témoigne Zeynabou.
Grâce à ces revenus combinés, les femmes arrivent à subvenir à leurs besoins : scolariser les enfants, épargner, construire des maisons, et surtout prendre soin de leur santé. « Avant, c’était la pâte tous les jours. Aujourd’hui, on mange du riz avec du soja, les enfants sont heureux et fiers de nous. »

Cette réussite, Zeynabou la partage avec les partenaires, en particulier le PAM. « Ils ont trop fait. Nous sommes contentes et nous espérons qu’ils vont continuer, surtout pour nos enfants. Nous commençons à vieillir, mais eux peuvent prendre la relève. »
Victorin FASSINOU