Au détour de deux jours de visite de terrain à Toviklin et Djidja, Clément Edah est allé à la rencontre des acteurs impliqués dans la mise en œuvre du PiASN financé par le Royaume des Pays-Bas. Après l’Ecole primaire publique Mètohoué dans la commune de Toviklin, l’expert en sécurité alimentaire et nutritionnelle était mardi à l’EPP Ayogbé dans la commune de Djidja avec les partenaires de mise en œuvre à savoir le Programme alimentaire mondial et l’Unicef.

La visite de l’expert de l’Ambassade des Pays-Bas vise à apprécier comment le projet est exécuté sur le terrain, à constater les effets et à formuler, au besoin, des recommandations pour en optimiser l’impact. L’École primaire publique d’Ayogbé visitée mardi est l’une des 10 écoles de Djidja qui expérimentent l’initiative des transferts monétaires, une innovation que le PAM pilote dans le cadre de la mise en œuvre du PiASN. C’était une occasion d’appréhender les contours de cette modalité qui fait de l’école une source d’opportunités pour les coopératives de petits producteurs et commerçants autour des écoles.
Un modèle innovant aux effets concrets
La mission du 13 mai 2025 a démarré sur le site de production maraichère de la coopérative COLDA, fournisseur de légumes aux écoles à cantine dans la commune de Djidja. Cette coopérative approvisionne régulièrement six écoles en produits maraîchers dans le cadre du pilote de transfert monétaire. Dans la pratique, des écoles reçoivent du PAM des ressources financières leur permettant d’acheter directement et de payer par transfert monétaire grâce à la téléphonie mobile les denrées dont elles ont besoin pour nourrir les enfants à la cantine.
Adantohounon Jonas, président de COLDA, en présentant les performances de la coopérative estime à 6,5 millions de francs CFA, le chiffre d’affaires effectué par la coopérative en six mois, principalement grâce aux livraisons de carottes, basilic et autres légumes à six écoles à cantine dans la commune de Djidja. « Ce partenariat avec le Programme alimentaire mondial a stimulé notre production et renforcé la structuration de notre filière », a-t-il souligné.
Les cantines scolaires, moteurs de changement
Après la visite de la coopérative, la délégation conduite par Clément Edah s’est rendue à l’École primaire publique d’Ayogbé. Dans la cour de l’établissement, les enfants chantent à tue-tête pour accueillir les visiteurs. Au rythme du ballet des tout-petits et des chants des groupements de femmes, la visite a pris un air festif. Ce moment d’immersion a permis à l’expert de l’Ambassade des Pays-Bas et ses partenaires d’interagir avec la communauté scolaire d’Ayogbé autour du fonctionnement de la cantine de l’école.
Achille Dohounkpè, directeur de l’EPP Ayogbé riche de 273 élèves se dit satisfait de ce qu’apporte la cantine de son école à ses apprenants. « Avant la mise en place des cantines, de nombreux élèves quittaient l’école ou y venaient sans manger. Aujourd’hui, ils sont réguliers, concentrés et en meilleure santé », témoigne-t-il ouvrant les échanges entre les visiteurs et la communauté.
Les membres de la mission ont eu des échanges fructueux avec les responsables de l’école, les parents d’élèves, les membres du comité de gestion des cantines, le comité de réconciliation ainsi que les groupements de femmes transformatrices qui livrent à l’école des denrées. La séance d’échange a permis à l’expert de rappeler que sa visite s’inscrit dans le cadre du suivi de la mise en œuvre du PIASN afin d’en évaluer les résultats et de proposer des ajustements utiles. Les parents qui sont intervenus ont salué l’initiative des transferts monétaires mise en œuvre dans leur école. Pour eux, cette approche stimule la production locale et les encourage à s’investir davantage pour un développement durable.
La séance d’échange avec les comités de gestion et le comité de réconciliation a aussi permis de recueillir ce qui a marché et ce qu’il convient de corriger dans la mise en œuvre du projet pour que les objectifs assignés soient atteints au bénéfice des enfants de la communauté.
Chancelle Laetitia Togan, lors de son intervention au nom des élèves témoigne que « Grâce aux cantines, nous mangeons sain et équilibré. Merci au gouvernement et au PAM pour leurs efforts. ». Les parents d’élèves abondent dans le même sens, mettant en avant l’impact positif sur la santé et la réussite scolaire. Le PIASN, avec ses composantes et ses innovations, se révèle ainsi comme un outil stratégique pour améliorer les conditions de vie des enfants béninois.
Un engagement à renforcer
Le maire de Djidja, Mathias Agnoun, dans son intervention, a salué les retombées positives du PIASN : modernisation des infrastructures, dynamisation de l’économie locale, responsabilisation des écoles et implication des communautés. « Notre commune bénéficie de 41 écoles couvertes par le PIASN, dont 10 en modalité CBT. Nous sommes fiers de montrer les fruits de cette collaboration réussie », a-t-il affirmé.
Dans la même journée du mardi, la délégation s’est rendue à Fonkpamè et Savakon pour observer des activités de sensibilisation aux bonnes pratiques nutritionnelles mises en œuvre dans les communautés par l’Unicef, partenaire avec le PAM sur le PiASN. Une démarche qui prolonge la réflexion sur les liens entre alimentation scolaire et nutrition communautaire.
La mission, entamée le 12 mai à Toviklin (département du Couffo), s’est achevée à Djidja le 13 mai 2025. Pour Clément Edah, cette visite n’est pas qu’un simple exercice de suivi, mais une occasion de constater les résultats tangibles d’un engagement commun. Le représentant de l’ambassade des Pays-Bas sa’est dit impressionné par la mobilisation des acteurs locaux, la qualité des infrastructures et l’appropriation du projet. « Nous sommes convaincus que ces efforts méritent d’être soutenus et renforcés », a-t-il déclaré.
Victorin FASSINOU
