21e réunion du club de discussion international Valdaï « Les anciens fondements de l’ordre mondial sont tombés dans l’oubli », dixit le Président Vladimir POUTINE
140 participants de 50 pays ont répondu présents à la 21e réunion du club de discussion international Valdaï qui s’est tenue du 4 au 7 novembre 2024 à Sotchi en Russie. A l’occasion, le président de la Fédération de Russie, Vladimir POUTINE a prononcé un discours évocateur dans lequel il a soulevé le problème des fondements de l’ordre mondial. A l’en croire, la société vit aujourd’hui à une époque de changements radicaux et révolutionnaires en participant directement aux processus les plus complexes. Il a soutenu que les anciens fondements de l’ordre mondial sont tombés dans l’oubli. Lire ses propos ci-dessous.
La 21e réunion du club de discussion international Valdaï sur le thème «Une paix durable – sur quelle base? Sécurité universelle et égalité des chances pour le développement au XXIe siècle» s’est tenue à Sotchi (Russie) du 4 au 7 novembre 2024. Elle a réuni 140 participants de 50 pays. Des experts du Royaume-Uni, d’Inde, de Chine, de Malaisie, du Pakistan, d’Afrique du Sud, entre autres, sont intervenus en marge de la réunion de 2024. L’objectif principal de cette conférence annuelle, à l’heure où l’ordre mondial connaît une période de transformation fondamentale, est de coordonner les points de vue des différents pays sur la résolution des problèmes mondiaux. Le jeudi 7 novembre 2024, le Président russe Vladimir Poutine a prononcé un discours lors de la session plénière du club de discussion Valdaï. L’agence de presse TASS a récupéré l’essentiel de ses déclarations:Le dirigeant a commencé par indiquer que la société vivait aujourd’hui à une époque de changements radicaux et révolutionnaires, en participant directement aux processus les plus complexes du monde contemporain. « Notre sort c’est non seulement de les analyser, mais aussi de participer directement aux processus complexes du premier quart du XXIe siècle », a-t-il pointé. »Le monde contemporain est imprévisible, c’est certain. Si l’on regarde 20 ans en arrière, évalue l’ampleur du changement et projette ces changements dans les années à venir, on peut supposer que les 20 prochaines années seront peut-être même plus difficiles, et pas plus faciles », a signalé Vladimir Poutine. « Dans quelle mesure – cela dépend, bien sûr, de très nombreux facteurs », a-t-il nuancé.Selon le chef d’État, les anciens fondements de l’ordre mondial sont tombés dans l’oubli, tandis qu’une lutte acharnée et irréconciliable se déroule actuellement pour définir les principes sur lesquels les relations entre les pays et les peuples se construiront à l’avenir. « Car il ne s’agit même pas d’une lutte pour le pouvoir ou l’influence géopolitique, mais d’un affrontement sur les principes mêmes sur lesquels se construiront les relations entre les pays et les peuples lors de la prochaine étape historique », a-t-il expliqué. « Son issue déterminera si nous serons capables de construire ensemble, par des efforts conjoints, un univers qui permettra à chacun de s’épanouir », estime le président.Dans cette optique, à son avis, une conviction aveugle de l’Occident de son impunité et exceptionnalisme peut tourner à une tragédie à l’échelle mondiale. »Je tiens à le répéter: contrairement à ses adversaires, la Russie ne perçoit pas la civilisation occidentale comme un ennemi, elle n’impose pas de choix « nous ou eux », « qui n’est pas avec nous est contre nous », nous ne le disons jamais », insiste toutefois Vladimir Poutine.D’après le dirigeant, il ne faut pas que le modèle d’un pays ou d’une partie relativement petite de l’humanité soit considéré comme quelque chose d’universel et imposé à tous les autres. Or, c’est ce qui s’est passé avec le ibéralisme occidental qui a muté en intolérance à toute alternative, à toute pensée souveraine et indépendante. L’imposition d’idéologies qui s’avèrent totalitaires et commencent à être considérées comme une norme est une menace, avertit M. Poutine en constatant que le libéralisme en Occident justifie aujourd’hui le néonazisme, le terrorisme, le racisme et même le génocide de la population civile. »La société humaine pourra-t-elle rester une société avec ses principes éthiques et humanistes, et l’homme pourra-t-il rester un homme? », s’est interrogé le président russe au sujet de la lutte pour les concepts de l’ordre mondial. « À première vue, il semblerait qu’il n’y ait pas d’alternative. Mais, malheureusement, il y en a une. » »C’est le plongeon de l’humanité dans l’abîme de l’anarchie agressive, des divisions internes et externes, de la perte des valeurs traditionnelles, des nouvelles formes de tyrannie, du rejet effectif des principes classiques de la démocratie, des droits et libertés fondamentaux », a-t-il conclu là-dessus. »Dans le monde multipolaire qui se dessine, il ne doit pas y avoir de pays et de peuples perdants, personne ne doit se sentir désavantagé ou humilié. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons garantir des conditions véritablement durables pour un développement universel, équitable et sûr », remarque l’homme politique. « Je suis convaincu qu’un nouveau dispositif n’est possible que sur la base des principes de la polyphonie, de la sonorité harmonieuse de tous les thèmes musicaux. Si vous voulez, nous nous dirigeons vers un ordre mondial qui n’est pas tant polycentrique que polyphonique, dans lequel toutes les voix peuvent être entendues et, plus important encore, doivent être entendues », apprend-on de son discours.Pour lui, la position de Moscou consiste à comprendre que l’Occident a accumulé « d’énormes ressources humaines, intellectuelles, culturelles et matérielles, grâce auxquelles il peut se développer avec succès, restant l’un des éléments les plus importants du système international ». « Mais un élément au même niveau que d’autres États et groupes de pays qui se développent activement », a précisé M. Poutine en réitérant qu’une hégémonie n’avait plus sa place dans le nouvel espace international. L’écart entre le niveau de développement du « milliard d’or » et celui du reste de l’humanité risque d’entraîner l’augmentation des contradictions politiques, mais surtout l’aggravation du problème des migrations, a-t-il lancé.Dans le même temps, Vladimir Poutine se dit persuadé qu’aucune décision des dirigeants présumés de Washington et de Bruxelles ne pourra changer le fait que le monde a besoin de la Russie. Qui plus est, le dirigeant rappelle que parmi les membres de l’Otan, certains témoignent de l’intérêt pour les Brics, et il est à prévoir que leur nombre augmentera. »L’Occident a mal interprété, dans son propre intérêt, ce qu’il considérait comme le résultat de la guerre froide, alors qu’il commençait à remodeler le monde pour lui-même. Son avidité géopolitique sans limite et sans précédent est la véritable origine des conflits, à commencer par la tragédie de la Yougoslavie, de l’Irak et de la Libye. Et aujourd’hui, l’Ukraine et le Moyen-Orient », a ajouté le chef d’État. « Il ne reste qu’un seul bloc dans le monde d’aujourd’hui, soudé par les soi-disant dogmes et clichés idéologiques rigides et contraignants », a-t-il dit à propos de l’Otan, qui, « sans arrêter son expansion vers l’est de l’Europe, tente maintenant d’étendre ses approches à d’autres régions du monde, en violant ses propres statuts ». Vladimir Poutine l’a considéré comme un véritable anachronisme ».Il devrait être clair pour tout le monde qu’il est inutile de faire pression sur la Russie et qu’elle est toujours prête à négocier en tenant compte de ses intérêts légitimes mutuels, déclare M. Poutine.Enfin, le président a qualifié de raciste le stéréotype sur l’existence d’un monde développé représenté par « l’Occident civilisé » et sur la « barbarie » d’autres nations. Cependant, cette « coquille pour une approche coloniale grossière, pour l’exploitation de la majorité mondiale » a pris racine dans la conscience de beaucoup de gens et constitue également un obstacle mental sérieux au développement harmonieux de tous », a-t-il conclu.