Amélioration des conditions de vie des femmes et des sociétés africaines : L’appel des femmes syndicalistes de la CSI-Afrique à Cotonou (Lire la déclaration rendue publique à la Place de l’Amazone)

Les travaux de la première conférence biennale des femmes syndicalistes de la Confédération Syndicale Internationale Afrique (CSI-Afrique), se sont déroulés du mardi 06 au jeudi 08 août 2024 à Cotonou. A Sun Beach Hôtel, l’événement a pris fin par une caravane qui partie de Fidjossè a eu pour point de chute, la place de l’Amazone. Au cours de celle-ci, les participants à la Conférence venus de tous les pays affiliés à la CSI-Afrique ont défilé avec des pancartes véhiculant des messages qui appellent à des actions en faveur de femmes.
Leurs revendications qui se résument en quatorze points ne concernent pas seulement les femmes, mais l’amélioration de toutes les sociétés africaines. Pour ces participants à cette caravane, en autonomisant les femmes, en favorisant l’égalité des sexes et en garantissant la justice sociale, l’on peut construire un continent où chaque individu, quel que soit son sexe, a la possibilité de s’épanouir.
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CSI-Afrique
Première conférence biennale des femmes syndicalistes de la Confédération Syndicale Internationale Afrique (CSI-Afrique)
Déclaration à l’endroit du Gouvernement du Bénin et à tous les Gouvernements Africains
Présentée à la Place de l’Amazone, Cotonou, Bénin
Août 2024
Introduction

Aujourd’hui, alors que nous concluons la première Conférence des femmes de la CSI-Afrique ici à Cotonou, au Bénin, nous sommes unies dans notre demande de changement transformateur à travers l’Afrique. Les femmes de tout le continent sont depuis longtemps l’épine dorsale de nos économies, de nos familles et de nos communautés. Pourtant, leurs contributions sont souvent sous-estimées et leurs droits ignorés. Cette conférence a été un espace de réflexion, de stratégie et de solidarité, et maintenant, alors que nous portons notre message dans la rue, nous portons la voix d’innombrables femmes qui réclament une Afrique plus juste, plus égalitaire et plus inclusive.

Nos revendications d’aujourd’hui ne concernent pas seulement les femmes, mais l’amélioration de toutes les sociétés africaines. En autonomisant les femmes, en favorisant l’égalité des sexes et en garantissant la justice sociale, nous pouvons construire un continent où chaque individu, quel que soit son sexe, a la possibilité de s’épanouir.
Nos revendications

1. Adopter le féminisme comme cadre pour l’équité et l’égalité des sexes

Nous appelons tous les gouvernements africains à reconnaître le féminisme comme un outil puissant pour parvenir à l’équité et à l’égalité des sexes. Le féminisme ne concerne pas seulement les droits des femmes ; il s’agit de créer une société où tous les individus, quel que soit leur sexe, peuvent vivre sans discrimination, violence et inégalité. Cela nécessite de démanteler les systèmes patriarcaux qui perpétuent la violence sexiste, la privation économique et l’exclusion politique.

2. Ratifier la Convention 190 de l’OIT pour favoriser des lieux de travail sûrs et sécurisés

Nous exigeons la ratification et la mise en œuvre immédiates de la Convention 190 de l’Organisation internationale du travail (C190) dans tous les pays africains. Cette convention est essentielle pour créer des lieux de travail sûrs et sécurisés, exempts de violence et de harcèlement, qui affectent les femmes de manière disproportionnée. La ratification de la C190 n’est pas seulement une obligation légale ; c’est un impératif moral pour protéger la dignité et les droits de tous les travailleurs.
3. Donner aux femmes les compétences et les opportunités d’entrer sur le marché du travail

Les femmes africaines doivent être dotées des compétences, de l’éducation et des opportunités nécessaires pour participer pleinement au marché du travail. Nous exigeons que les gouvernements investissent dans des programmes de formation professionnelle, d’éducation et d’entrepreneuriat accessibles aux femmes, en particulier celles des communautés rurales et marginalisées. L’autonomisation économique est une pierre angulaire de l’égalité des sexes et elle est essentielle pour briser le cycle de la pauvreté et de la dépendance.

4. Respecter le droit des travailleurs à la liberté d’association, en particulier des femmes

Nous appelons tous les gouvernements africains à garantir le plein respect du droit des travailleurs à la liberté d’association, en particulier des femmes. Les femmes doivent avoir le droit d’adhérer à des syndicats et d’en former, de participer à des négociations collectives et de participer pleinement aux processus de prise de décision sur leur lieu de travail. Les syndicats sont essentiels pour défendre des salaires équitables, des conditions de travail sûres et l’égalité des sexes sur le lieu de travail.

5. Améliorer la protection sociale et la sécurité pour tous les travailleurs

Nous exigeons l’expansion et le renforcement des systèmes de protection sociale dans toute l’Afrique. Tous les travailleurs, et en particulier les femmes, doivent avoir accès à la sécurité sociale, aux soins de santé, au congé de maternité et à d’autres prestations qui préservent leur bien-être et leur dignité. Les gouvernements doivent donner la priorité à l’investissement dans la protection sociale, qui constitue une stratégie essentielle pour réduire la pauvreté, les inégalités et l’exclusion sociale.
6. Réduire le fardeau de la dette et investir dans la protection sociale

Nous appelons les gouvernements africains à prendre des mesures urgentes pour faire face au fardeau écrasant de la dette qui freine la croissance économique et l’investissement social. Il est inacceptable que les ressources publiques soient détournées des services essentiels tels que la santé, l’éducation et la protection sociale pour servir les dettes extérieures. Nous exigeons un moratoire sur le service de la dette et la réorientation des fonds vers la protection sociale et les services publics qui bénéficient aux femmes et aux communautés marginalisées.

7. Combattre les flux financiers illicites et utiliser les ressources pour la protection sociale

Nous exigeons un effort concerté pour lutter contre les flux financiers illicites, qui drainent des milliards de dollars des économies africaines chaque année. Ces ressources doivent être récupérées et canalisées vers la protection sociale, les soins de santé, l’éducation et les infrastructures qui bénéficient à tous les citoyens, en particulier aux femmes. Les gouvernements doivent travailler ensemble pour renforcer la transparence financière, la responsabilité et la coopération internationale afin de freiner ces pratiques illicites.

8. Donner la priorité à l’autonomisation des femmes dans toutes les sphères de la vie

Nous appelons tous les gouvernements africains à donner la priorité à l’autonomisation des femmes dans les sphères politique, économique et sociale. Cela implique de garantir une représentation égale au sein du gouvernement et aux postes de direction, de fournir un accès à l’éducation et aux soins de santé et de soutenir l’autonomisation économique des femmes par des politiques qui favorisent l’entrepreneuriat et l’inclusion financière.
9. Encourager le dialogue social comme moyen de parvenir à la justice sociale

Nous exigeons l’institutionnalisation du dialogue social comme outil essentiel pour parvenir à la justice sociale et à l’égalité des sexes. Les gouvernements, les employeurs et les syndicats doivent travailler ensemble pour relever les défis auxquels sont confrontés les travailleurs, en particulier les femmes, sur le marché du travail. Le dialogue social est essentiel pour créer des politiques inclusives qui reflètent les besoins et les aspirations de tous les citoyens.

10. Mettre fin à la violence sexiste et garantir des espaces sûrs pour les femmes

Nous appelons tous les gouvernements africains à prendre des mesures immédiates et globales pour mettre fin à la violence sexiste sous toutes ses formes. Cela comprend la violence domestique, le harcèlement sexuel et les pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines. Des espaces sûrs doivent être créés pour les femmes dans tous les domaines de la vie, y compris sur le lieu de travail, dans les espaces publics et au sein de leur foyer.

11. Investir dans les soins de santé et l’éducation comme fondements de l’égalité

Nous exigeons un investissement accru dans les soins de santé et l’éducation, qui sont fondamentaux pour parvenir à l’égalité des sexes et à la justice sociale. L’accès des femmes à des soins de santé de qualité, y compris aux services de santé reproductive, doit être garanti. Les systèmes éducatifs doivent être réformés pour éliminer les préjugés sexistes et garantir que les filles et les garçons aient les mêmes chances de réussite.

12. Soutenir les femmes dans les situations de conflit et de crise

Nous appelons les gouvernements africains à fournir un soutien et une protection particuliers aux femmes dans les situations de conflit et de crise, notamment les réfugiées, les personnes déplacées à l’intérieur du pays et celles touchées par des catastrophes naturelles. Les femmes dans ces situations sont particulièrement vulnérables à la violence, à l’exploitation et aux privations, et elles ont besoin d’une assistance ciblée pour reconstruire leur vie.

13. Promouvoir l’intersectionnalités dans les politiques de genre

Nous exigeons que les gouvernements africains adoptent des approches intersectionnelles dans leurs politiques de genre, en reconnaissant les formes multiples et croisées de discrimination auxquelles les femmes sont confrontées en raison de leur race, de leur origine ethnique, de leur handicap, de leur orientation sexuelle et d’autres facteurs. Les politiques doivent être inclusives et adaptées aux expériences et aux besoins divers de toutes les femmes.
14. Collaborer avec la société civile et les organisations internationales pour l’égalité des sexes

Nous appelons les gouvernements africains à collaborer avec la société civile, les syndicats et les organisations internationales pour faire progresser l’égalité des sexes et la justice sociale. Les partenariats sont essentiels pour partager les connaissances, les ressources et les meilleures pratiques, et pour tenir les gouvernements responsables de leurs engagements en matière d’égalité des sexes.

Conclusion
Nous nous trouvons aujourd’hui à la croisée des chemins dans la lutte pour l’égalité des sexes et la justice sociale en Afrique. Les revendications que nous avons présentées ne sont pas de simples aspirations ; elles constituent le fondement d’un continent plus juste, plus équitable et plus prospère. Nous exhortons le gouvernement du Bénin et tous les gouvernements africains à écouter la voix des femmes, à agir de toute urgence et à s’engager en faveur des changements nécessaires pour parvenir à une véritable égalité et à une justice pour tous.

Que ce moment soit le début d’un nouveau chapitre de l’histoire de l’Afrique, où les droits des femmes sont pleinement reconnus, protégés et promus, et où la justice sociale et l’égalité sont au cœur de notre progrès collectif.
Nous ne resterons pas silencieux, nous ne serons pas ignorés et nous ne nous arrêterons pas tant que nos revendications ne seront pas satisfaites.
Amandla !
Amka Africa Amka !
Solidarité !

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