Le discours à la nation du Président Patrice Talon, prononcé en cette fin d’année 2024, a été marqué par la présentation des réalisations et des avancées du pays sous son mandat. Toutefois, la Confédération Syndicale des Agriculteurs (CSA) du Bénin, par la voix de son Secrétaire général Anselme Coovi Amoussou, a exprimé une réaction partagée : elle a salué les progrès accomplis, tout en pointant des faiblesses et des préoccupations majeures en matière de gouvernance et de politique sociale. À travers une déclaration, la CSA-Bénin appelle à un réexamen des politiques sociales et à un engagement sincère en faveur d’un consensus politique en vue des élections à venir. Un dialogue inclusif et des réformes électorales consensuelles sont essentiels pour garantir un avenir pacifique et démocratique pour le Bénin.
Le discours de Patrice Talon a mis en avant des résultats tangibles, notamment dans les secteurs des infrastructures, de l’éducation et de l’accès aux services essentiels. Les avancées en matière de routes, de reconstruction des marchés, de cantines scolaires et d’accès à l’eau potable ont été soulignées comme des progrès significatifs. Ces réalisations sont effectivement soutenues par des données et des preuves sur le terrain, que la CSA reconnaît et applaudit.
Dans son intervention, Anselme Coovi Amoussou a félicité le Chef de l’État et son gouvernement pour ces succès, saluant les efforts des travailleurs et des citoyens qui ont contribué à ces accomplissements. Toutefois, il a souligné que des questions importantes demeurent et nécessitent plus d’humilité de la part des autorités. Au-delà des chiffres optimistes, la CSA déplore une augmentation de la pauvreté, particulièrement en milieu rural, où plus de 40 % de la population vit dans des conditions précaires selon les statistiques de l’INSTaD. En outre, les difficultés rencontrées par les producteurs agricoles, notamment ceux du soja, sont devenues un point de tension. Ces derniers, confrontés à des tracasseries administratives et à une absence de soutien gouvernemental, perdent confiance en l’État. La situation des transporteurs, fragilisée par les tensions diplomatiques avec le Niger, est également préoccupante. L’absence d’assistance gouvernementale pour ces acteurs économiques, qui subissent directement les effets de la crise, inquiète la CSA. De même, les réformes éducatives tant attendues restent en suspens, avec une absence de résultats concrets sur l’adéquation entre la formation et l’emploi. Les promesses de création de lycées techniques n’ont toujours pas été tenues, et le système éducatif semble s’élitiser, laissant de côté les classes populaires avec des établissements privés onéreux et des programmes étrangers.
Prendre des mesures concrètes pour restaurer les libertés publiques
Le pré-scolaire, quant à lui, semble abandonné, sans personnel ni perspective de recrutement. De plus, le programme d’enseignement de l’anglais au primaire, un projet ambitieux, a été soudainement interrompu sans explication officielle. Anselme Coovi Amoussou a également critiqué la gestion des libertés démocratiques sous le régime actuel, mettant en lumière les violences policières et les atteintes aux droits fondamentaux des citoyens. Des manifestations pacifiques ont été violemment réprimées, et plusieurs syndicalistes ont été détenus arbitrairement. La CSA estime que le gouvernement doit reconnaître ces dérives et prendre des mesures concrètes pour restaurer les libertés publiques et la confiance des citoyens dans leurs institutions.
Enfin, le discours de Patrice Talon a également suscité des inquiétudes sur la scène politique. Le Chef de l’État a clairement exprimé son opposition à toute forme de compromis politique ou de dialogue inclusif. Pour lui, aucun sacrifice politique ne sera fait au détriment du développement du pays. Cette position a été perçue comme un rejet des efforts pour apaiser les tensions politiques et préparer un terrain propice à des élections pacifiques en 2026.
La CSA, tout en saluant les progrès réalisés, insiste sur le fait que le développement d’un pays ne peut se réaliser sans un climat politique apaisé et un dialogue inclusif. La position du président, qui semble ignorer les préoccupations légitimes de l’opposition et de nombreux Béninois, risque d’accentuer les divisions et de nuire à la stabilité politique et sociale du pays.
Des défis cruciaux à relever
Le discours de Patrice Talon, pour la CSA-Bénin, a mis en lumière les succès indéniables de son gouvernement en matière d’infrastructures et de sécurité. D’après la Confédération, il a omis de traiter en profondeur les défis sociaux persistants, notamment la pauvreté, les tensions agricoles et la répression des libertés démocratiques. De plus, son refus catégorique de favoriser un dialogue politique inclusif pourrait avoir des répercussions sérieuses sur la stabilité du pays. La CSA appelle donc à un réexamen des politiques sociales et à un engagement sincère pour un consensus politique en vue des élections à venir. Un dialogue inclusif et des réformes électorales consensuelles sont essentiels pour garantir un avenir pacifique et démocratique pour le Bénin.
Victorin Fassinou