L’École Internationale de Théâtre du Bénin (EITB) a accueilli, le vendredi 31 janvier 2025, une conférence inaugurale exceptionnelle à Togbin, marquant ainsi le début des célébrations de son 20ᵉ anniversaire. Cette rencontre, inscrite dans le cadre de cette célébration, a rassemblé de nombreuses personnalités du monde culturel, des autorités en charge de la culture, ainsi que des acteurs et promoteurs du patrimoine. L’un des temps forts de l’événement fut l’intervention d’Alain Godonou, expert reconnu en conservation du patrimoine, venu partager son expérience et sa vision de la transmission culturelle en Afrique.
Dans sa communication, Alain Godonou a insisté sur l’importance de distinguer le patrimoine matériel (monuments, palais, objets d’art) du patrimoine immatériel (traditions orales, rites, savoir-faire artisanaux) afin de mieux les préserver et les transmettre aux générations futures. Il a mis en garde contre la tendance à folkloriser la culture africaine, plaidant pour une approche intégrée qui considère le patrimoine comme un levier de développement et un marqueur identitaire fort.
Il a également soulevé une problématique majeure : la marginalisation du patrimoine dans les politiques éducatives et gouvernementales africaines. Selon lui, de nombreux dirigeants continuent de percevoir la culture comme un frein au développement, ce qui entrave l’élaboration de politiques culturelles ambitieuses. Il a aussi dénoncé l’influence des grandes puissances sur les instances internationales, qui tendent à exclure certains éléments du patrimoine immatériel africain de la reconnaissance mondiale.
Le Bénin, un modèle de valorisation culturelle
Malgré ces défis, Alain Godonou a salué les efforts du Bénin qui, sous l’impulsion du président Patrice Talon, a su replacer la culture au centre de ses priorités. La restitution des trésors royaux et la création de nouveaux musées illustrent cette dynamique visant à transformer le patrimoine en un moteur économique et identitaire. Pour lui, le Bénin se positionne ainsi comme un exemple pour le continent en matière de valorisation culturelle.
Les ambitions de l’EITB pour l’avenir
À la suite de cette intervention, le promoteur de l’EITB, Alougbine Deen, est revenu sur les objectifs et les réalisations de l’école au cours des 20 dernières années. Il a réaffirmé son engagement à poursuivre la formation des jeunes talents dans le domaine des arts et de la culture, tout en exprimant sa reconnaissance envers le président Talon pour son soutien indéfectible.
En clôturant la cérémonie, il a tenu à remercier chaleureusement tous les participants, soulignant l’importance d’une transmission culturelle dynamique et structurée pour assurer la pérennité du patrimoine africain. Cette conférence inaugurale a ainsi donné le ton pour une année de célébrations riches en événements et en réflexions sur l’avenir du patrimoine et des arts en Afrique.
Des témoignages, le conférencier qui est désormais le parrain des 12ᵉ et 13ᵉ promotions de l’EITB, a comblé les attentes de l’assistance.
Un parcours au service du patrimoine africain
Alain Godonou, figure incontournable dans le domaine de la conservation et de la valorisation du patrimoine africain, a retracé son parcours lors de cette conférence. Après des études spécialisées à Paris et à Rome, il devient en 1998 le premier conservateur du palais royal de Porto-Novo. En 2000, il fonde l’École du patrimoine africain, qui devient rapidement une référence internationale sous sa direction jusqu’en 2010.
Son engagement l’a ensuite conduit à occuper des postes de responsabilité à l’UNESCO et à l’ICCROM avant de revenir au Bénin pour diriger le programme musées de l’Agence nationale de promotion des patrimoines et du tourisme (ANPT). Il a notamment joué un rôle clé dans la restitution et la valorisation des 26 œuvres restituées par la France, intégrées dans de nouveaux musées dédiés à l’histoire et à la mémoire béninoise.
Victorin FASSINOU