Dans le cadre de la célébration de ses 20 ans d’existence, l’Association Internationale des Femmes Juges, chapitre béninois (AIFJ-Bénin), a organisé du 2 au 4 août 2024, un colloque international. Cet événement a réuni des femmes du secteur judiciaire du Bénin ainsi que des participantes d’autres pays africains tels que le Togo, le Mali, la Tunisie, la Côte d’Ivoire et le Congo Brazzaville, pour réfléchir sur l’avenir de l’association et divers autres sujets.
Lors de la cérémonie de clôture, la présidente de l’AIFJ-Bénin Edibayo Dassoundo Ayibatin est revenue sur les enjeux du colloque « Nous célébrons 20 ans d’engagement et de travail acharné. Ce colloque est l’occasion de faire le point et d’élaborer des recommandations pour un avenir meilleur pour les femmes dans le secteur judiciaire. » A ses dires, le colloque faits de six panels qui ont permis de débattre et de formuler des recommandations sur plusieurs thématiques cruciales. Le panel 1 a examiné la sous-représentation des femmes dans les secteurs judiciaires. Pour ce panel, les participantes ont recommandé d’investir dans l’éducation des filles et leur formation universitaire, ainsi que d’accompagner celles ayant le profil pour les concours d’auditeurs de justice. Elles ont également proposé la formation préparatoire des femmes magistrats candidates à la Cour Suprême et suggéré une alternance entre hommes et femmes dans les postes de responsabilité. Le panel 2 a porté sur la lutte contre la corruption sexuelle dans les administrations. Les recommandations incluent l’installation de dispositifs de sécurité tels que des caméras et des badges d’accès, ainsi que la création de bureaux transparents. Il a également été proposé de mettre en place des comités chargés des nominations pour éviter les abus à des fins sexuelles. Le panel 3 a abordé la cybercriminalité parmi les jeunes. Les recommandations incluent la protection de l’anonymat des officiers de justice impliqués dans la collecte de données en matière de cybercriminalité, tout en continuant à éduquer et surveiller les jeunes sur l’utilisation des outils électroniques et des réseaux sociaux. Concernant la protection des femmes et des enfants dans les prisons, le panel 4 a discuté de la prévention et de la répression en matière de drogues. Les recommandations ont portent sur l’éducation des enfants, la sensibilisation des élèves, et la prise en charge des mineurs en conflit avec la loi. En matière de répression, il a été recommandé de privilégier les peines d’amende et de créer des centres spécialisés pour les enfants exposés aux produits psychotropes. Le panel 5 a traité des défis rencontrés par les femmes mères et leurs enfants en milieu carcéral. Les suggestions incluent la construction de prisons pour femmes conformes aux normes internationales, la sensibilisation des magistrats, et la mise en place de mesures pour le placement des enfants dont les mères sont détenues. Il a également été recommandé de privilégier les peines alternatives à la détention et de garantir des infrastructures sécuritaires et sanitaires pour les enfants. Le panel 6 a proposé la création d’un réseau francophone des femmes magistrats et juges, avec une représentativité élargie au sein du bureau international et des chapitres dans chaque pays francophone. Il a été suggéré de former un comité de travail pour élaborer les statuts du réseau, son règlement intérieur et son plan d’action. À la clôture du colloque, Edibayo Dassoundo Ayibatin, présidente de l’AIFJ-Bénin, a exprimé sa satisfaction : « Nous pouvons être fières, chères dames, de n’avoir point perdu notre temps, nos énergies ni nos finances. » Elle a remercié Mariam Talata, vice-présidente de la République du Bénin, pour avoir ouvert les travaux, ainsi que Elisabeth Pognon, présidente émérite de la Cour constitutionnelle du Bénin, pour sa présence à l’ouverture et à la clôture de l’événement.
Méchack AHOUANDJA